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Entrepreneur et la peur de l'échec : entretien avec Jean-Luc Roux

Publié le 29/03/2023 11:19 | Mis à jour le 04/05/2023 11:53 | 10 min de lecture

Devenir son propre patron n'est pas chose facile ! Le statut d'entrepreneur est associé à bon nombre charges et de responsabilités, et ces dernières sont souvent sources de craintes. Dans cet article, nous allons faire un tour d'horizon des peurs les plus fréquemment ressenties par les futurs entrepreneurs afin de vous aider à les surmonter.

Pour se faire, nous allons vous donner quelques conseils, puis vous partager notre entretien avec Jean-Luc Roux, coach d'entrepreneurs, avec qui nous avons parlé de l'échec dans le monde de l'entrepreneuriat. Coach d'entrepreneurs au sein du Google Startup launchpad, cofondateur du Barcamp HEC Google et vice-Président d’un groupe de communication à Paris, Jean-Luc Roux est également investisseur et cofondateur de plusieurs start-up (communication, production audiovisuelle, santé 2.0 et e-Learning). Découvrez ses conseils pour vaincre votre peur d'entreprendre quel que soit votre domaine d'activité.

Quelles sont les difficultés que rencontrent les entrepreneurs ?

Bon nombre de futurs entrepreneurs ont des idées d'entreprises prometteuses, mais réussir à se lancer est une autre paire de manches. Les formalités administratives, le manque d'argent et la solitude de l'auto-entrepreneur sont des obstacles majeurs qui peuvent dissuader les entrepreneurs potentiels de poursuivre leur projet professionnel. Toutefois, nous allons voir qu'il existe des solutions facilement accessibles pour parvenir à les surmonter.

L'administratif, la bête noire des entrepreneurs

Les démarches administratives liées à la création d'une entreprise peuvent sembler accablantes. Domiciliation, enregistrement, immatriculation de l'entreprise... les étapes de la création peuvent paraître longues et complexes. 

De plus, une fois que l'entreprise est créée, les entrepreneurs doivent passer du temps à comprendre les exigences légales, les impôts, la fiscalité et les règlements locaux applicables à leur projet. Il est normal de se sentir submergé par tant d'informations. Pour vous aider, nous avons répertorié les structures à contacter pour obtenir des conseils dans notre article concernant les formalités administratives de la création d'entreprise

Surmonter la peur du manque d'argent

La création d'entreprise est souvent associée à l'idée qu'il faut beaucoup d'argent pour se lancer. Il est vrai qu'il est préférable de disposer d'un capital important pour démarrer mais ce critère ne devrait pas freiner les futurs entrepreneurs qui ont moins de ressources financières. En effet, un certain nombre d'aides a été mis en place par l'Etat et par les régions pour aider les futurs entrepreneurs à financer leurs projets. Pour en savoir plus, consultez notre article sur les dispositifs d'aides à la création d'entreprise. Par ailleurs, le statut de micro-entrepreneur a été spécialement conçu pour donner un coup de pouce aux porteurs de projets disposant de peu de moyens.

Vaincre la peur de la solitude en auto-entreprise

L'isolement peut être un défi pour les entrepreneurs, en particulier pour les micro-entrepreneurs qui travaillent seuls. L'absence de collègues peut donner l'impression d'être seul face à une montagne de problèmes.

Si se lancer en solo vous fait peur, renseignez-vous sur les pépinières ou les incubateurs d'entreprise. Vous serez entourés d'autres néophytes et d'entrepreneurs expérimentés pour vous apprendre tout ce qu'il faut savoir lorsque l'on devient son propre patron.

Nous venons d'aborder les difficultés les plus fréquentes qui se posent aux futurs entrepreneurs. Nous allons désormais aborder la peur d'entreprendre dans une dimension plus globale afin de vous partager les conseils concrets de Jean-Luc Roux.

Comment vaincre sa peur d'entreprendre ?

Le chemin de l'entrepreneuriat n'est pas un long fleuve tranquille

Churchill disait qu'il fallait « agir comme s’il était impossible d’échouer ? ». Cela peut-il s'appliquer à un projet professionnel d'entrepreneur ? Pas vraiment en réalité. En effet, l’échec est inhérent à toute entreprise et fermer les yeux sur cette éventualité est potentiellement très grave. Le chemin de l'entrepreneuriat n'est pas un long fleuve tranquille, il arrive d'échouer. Si l'échec est normal et souvent bénéfique, il est important d'anticiper de potentielles solutions.

Le conseil de Jean-Luc Roux :

« Tout business plan doit avoir au moins trois scenarii : Le scénario A, c’est le plan idéal. L’idée rêvée qui se met en place comme prévu - ou presque, rassurez-vous, cela n’arrive jamais ! Le plan B, c’est un virage à 90°. La société continue, mais sur une idée radicalement différente de l’idée de départ. L’offre peut changer ou pas, ce peut être un changement de business model aussi. Et puis il y a le plan Z, Z comme Zéro. On s’est plantés, que se passe-t-il ? Il est important d’envisager ce scenario dès le début du projet. Combien d’entrepreneurs ai-je vus avec un dépôt de bilan – ce qui n’est pas grave - mais une situation fiscale et familiale pas du tout préparée, un contrat de mariage en communauté, l’appartement mis en danger par les dettes de l’entreprise ? Bref, l’échec, c’est une éventualité. Mais il faut le dédramatiser ».

Pourquoi dédramatiser l'échec est essentiel pour entreprendre ?

Il faut dédramatiser car dans l’économie actuelle, tout est possible et tout va trop vite pour que les idées s’exécutent sans à-coup.

Jean-Luc Roux nous parle du pivoting avec l'exemple de plusieurs grandes entreprises qui ont dû à un moment de leur cycle de vie prendre un tournant important :

« Nombreuses sont les grandes réussites du web qui ont pivoté. Criteo qui avait une techno de recommandation de Video, Netflix qui vendait des K7 par la poste, Flickr… Flickr est un cas intéressant. Au départ, c’était un jeu en ligne. Il courait droit au dépôt de bilan quand l’un des fondateurs a eu le flair – et la détermination – d’étudier ce que faisaient les internautes pendant qu’ils jouaient en ligne. Il s’est rendu compte qu’ils passaient l’essentiel de leur temps sur une fonctionnalité qui consistait à poster des photos personnelles dans le cours du jeu. La société a pivoté vers une offre de réseau social de partage de photos. Avec le succès que l'on connaît ».

Ce qu'il faut retenir, c'est qu'en plus de porter le projet avec détermination, un bon chef d'entreprise doit également être à l'écoute du marché. Observez vos concurrents, analysez chaque mouvement de votre secteur pour comprendre qui seront vos clients de demain. Il faut anticiper, comprendre, et adapter sans cesse l’offre ou le business model. N'ayez pas peur de modifier vos propositions si vous pensez qu'elles ne correspondent plus tout à fait aux attentes de votre public cible.

Créer une entreprise : se fixer des objectifs que l'on n’atteindra certainement pas

Se fixer des objectifs au début de la vie d'une entreprise peut apaiser certaines craintes. En effet, ils permettent de déterminer les moyens financiers et humains nécessaires à la mise en œuvre de votre projet.

De plus, Jean-Luc Roux nous explique que les objectifs sont davantage faits pour communiquer avec les partenaires tout au long du projet que pour être réellement atteints :

« Les objectifs sont à mon sens utiles pour… communiquer ! Pour communiquer avec le banquier, communiquer avec les parties prenantes, être aligné avec ses associés, il faut bien pointer vers une direction, c’est-à-dire avoir des objectifs clairs. En bon Savoyard, je vais comparer le start-upper à un alpiniste qui part faire une course. Il ne part pas pour échouer, évidemment ! Néanmoins tout doit être prévu, y compris le pire. La feuille de route, ce sont les objectifs. Il faut pouvoir communiquer sur l’itinéraire prévu, vérifier qu’il a les moyens de ses ambitions. Le reste, ce sera… une succession d’erreurs et d’observation, de corrections de trajectoire (le pivoting) et de progression. Ce qui serait criminel, c’est de considérer qu’il ne va pas faire d’erreur. Persister dans l’idée de départ sans écoute ni agilité ».

Ce que l'expert en entrepreneuriat nous dit ici, c'est que faire des erreurs nous permet d'apprendre (même si on évite d'en faire, surtout dans sa communication). Atteindre ses objectifs n'est pas une fin en soi, il est plus important de tirer des leçons de ce qui nous a empêchés de les atteindre, et même de devenir plus performant. Bien que le risque d'échec soit une des plus grandes peurs de l'entrepreneur, prendre des risques est en réalité bénéfique.

Est-ce qu'un entrepreneur doit avoir peur du risque ?

Le risque est nécessaire pour lancer une entreprise, passez à l'action !

Dans le monde actuel, de nouvelles opportunités apparaissent constamment. Elles se présentent à vous sous toutes leurs formes et il est essentiel de savoir les identifier et les saisir, même si cela implique de prendre des risques.

Jean-Luc Roux illustre cette idée avec un exemple tout simple de l'économie du partage :

« Vous envisagez d’acheter un appartement. Ce sera le nid familial, mais il peut devenir aussi une source de revenus inimaginables. Vous pourrez l’habiter en semaine et le louer le week-end sur Airbnb. Vous pourrez mettre votre parking sur un site de partage avec une société du coin. Sans parler d’amortir votre voiture avec BlaBlaCar… On voit bien que le capital par exemple doit être apprécié sur l’éclairage d’une multitude de nouveaux usages. Ce sont autant d’opportunités que chaque entrepreneur doit débusquer chaque jour. Et si possible provoquer plutôt que dupliquer ! ».

Vous avez peur de vous lancer car vous ne maîtrisez pas parfaitement les plateformes de partage ? Pas de panique ! Entreprendre ne se fait pas en un jour. Prenez le temps de découvrir vos outils, d'observer comment font les autres entrepreneurs qui exercent la même activité que vous.

La crainte d'échouer vous bloque ? Rappelez-vous que votre environnement est une source inépuisable d'opportunités qu'il faut saisir. Sans oublier celles qui n'existent pas mais que vous pouvez provoquer.

Faut-il être opportuniste pour réussir en tant qu'entrepreneur ?

Notre coach répond : « Opportuniste peut-être, mais sous réserve d’être consistant dans la durée. À l’écoute et déterminé, je préfère… Andy Grove le patron de Dell nous avait prévenu « seul les paranoïaques survivront » ! En réalité c’est la logique du « test & learn » qu’il faut intégrer impérativement. L’accélération de l’économie l’impose au chef d’entreprise. S’il attend que tout soit parfait et rodé pour se lancer, il sera trop tard ! ».

Pensez-vous que les fondateurs de Blablacar ont attendu d'être sûrs que leur idée allait fonctionner pour devenir le premier concurrent de la SNCF ? Eh bien non ! Ils ont pris des risques, ils n'ont pas eu peur de se lancer et leur activité est aujourd'hui florissante.

La méthode du « test & learn » qu'évoque Jean-Luc Roux résume bien la situation face aux peurs de l'entrepreneur. Il faut faire le grand saut, tester ses idées après avoir observé la concurrence et son public cible, vous en tirerez des apprentissages quoi qu'il arrive.

Et que fait Hiscox

Si l'on vous a martelé dans cet article qu'il ne fallait pas avoir peur de prendre des risques dans l'aventure entrepreneuriale, ce n'est pas pour autant qu'il ne faut pas protéger son entreprise. Souscrire une assurance spécialiste des TPE / PME, qui connaît les problématiques entrepreneuriales, permet de limiter les conséquences des risques pris et assumés par les entrepreneurs. Trouvez l'assurance la plus adaptée à votre projet professionnel parmi notre offre et demandez votre devis en 3 minutes pour devenir votre propre patron en toute sérénité.

*Source de l'auteur : "ça va marcher ! 7 étapes pour une entreprise profitable", business model mode d’emploi - Éditions Eyrolles. cavamarcher.biz