
Devenir autoentrepreneur à 16 ans est ce possible ?
Créer sa propre activité dès l’adolescence peut sembler ambitieux, mais de plus en plus de jeunes souhaitent s’initier à l’entrepreneuriat tôt. En France, cette possibilité existe, à condition de bien comprendre le cadre juridique qui encadre les mineurs. Les règles varient selon que le mineur est émancipé ou non. Âge minimum, types d’activités autorisées, formalités à accomplir... Voici tout ce qu’il faut savoir avant de se lancer.
Statut de commerçant : un accès limité pour les mineurs
Le statut de commerçant n’est pas accessible aux mineurs non émancipés. Cela signifie qu’un mineur qui souhaite exercer une activité commerciale ne pourra pas s’immatriculer au registre national des entreprises (RNE) ni au registre du commerce et des sociétés (RCS), à moins d’avoir été émancipé.
Et si l’émancipation est en cours ?
Dans le cas où une procédure d’émancipation a été engagée, l’autorisation d’exercer une activité commerciale peut être accordée par le juge des tutelles. Une fois le mineur émancipé, il devra obtenir une autorisation spécifique du président du tribunal de grande instance pour pouvoir s’inscrire comme commerçant. Sans cette autorisation, il ne pourra pas légalement exercer une activité relevant du commerce, ni créer une entreprise individuelle.
Il est également interdit au mineur non commerçant d’être associé dans certaines formes de sociétés. Par exemple, il ne peut pas devenir :
- Associé d’une société en nom collectif (SNC)
- Associé commandité d’une société en commandite par actions (SCA) ou d’une société en commandite simple (SCS)
Car ces statuts requièrent la capacité commerciale, que le mineur non émancipé ne possède pas.
L’émancipation : une condition déterminante
Quelles sont les conditions à remplir pour être émancipé ?
Un mineur peut être émancipé de deux manières :
- Par le mariage, ce qui entraîne l’émancipation automatique
- Sur décision du juge des tutelles, à la demande des parents ou du conseil de famille
Cette demande doit reposer sur des justes motifs et doit être dans l’intérêt du mineur. Si les parents ne sont plus en mesure d’exprimer leur volonté (décès ou impossibilité), c’est le conseil de famille qui se charge de demander l’émancipation. Le juge examine alors la situation du jeune et peut prononcer l’émancipation s’il l’estime justifiée.
Que permet l’émancipation ?
Une fois émancipé, le mineur devient juridiquement indépendant. Il n’est plus soumis à l’autorité parentale et peut réaliser des actes de la vie civile comme un adulte. Il peut :
- Acheter ou vendre un bien
- Signer des contrats
- Gérer une entreprise
Il est également soumis aux mêmes règles fiscales que n’importe quel entrepreneur majeur. Toutefois, certains droits et activités lui restent interdits : il ne peut pas voter, passer le permis de conduire ni entrer dans un casino.
L’émancipation ouvre donc l’accès à la création d’entreprise individuelle ou à la gestion d’une micro-entreprise, sans qu’il soit nécessaire d’obtenir une autorisation parentale pour chaque démarche.
Quelles formes d’entreprises un mineur peut-il créer ?
Si le mineur est émancipé
Il peut choisir de :
- Créer une entreprise individuelle
- Monter une société commerciale (SAS, SARL, SA) en tant qu’associé
- Devenir associé commanditaire d’une SCS ou d’une SCA
Mais il ne peut pas être associé commandité, car cela suppose d’avoir la qualité de commerçant.
Si le mineur n’est pas émancipé
Dans ce cas, il ne peut pas créer une micro-entreprise ni une entreprise individuelle. En revanche, il peut constituer :
- Une SARL à associé unique (EURL)
- Une SAS à associé unique (SASU)
Il devra alors obtenir une autorisation parentale, sous la forme :
- D’un acte notarié
- D’une déclaration écrite signée par le mineur et ses parents
Dans certaines situations, comme pour un emprunt bancaire ou l’acquisition d’un fonds de commerce, seuls les parents ou le tuteur légal peuvent signer.
Bon à savoir : si le mineur est placé sous tutelle, c’est le conseil de famille qui autorise la création de l’entreprise.
Quelles activités un mineur peut-il exercer ?
Activités autorisées sans émancipation
Le mineur non émancipé peut se lancer dans une activité, à condition que celle-ci ne requière ni diplôme ni qualification professionnelle. Parmi les métiers accessibles, on retrouve :
- Fleuriste
- Bricoleur à domicile
- Éleveur d’animaux domestiques
- Dépanneur en informatique
- Livreur à vélo ou en scooter
- Formateur en ligne, blogueur ou rédacteur web
Certaines activités artisanales sont également envisageables, tant qu’elles ne sont pas réglementées.
Activités interdites
Le mineur ne pourra pas exercer de professions réglementées, notamment :
- Avocat
- Notaire
- Huissier de justice
- Expert-comptable
- Géomètre-expert
Même un mineur émancipé ne peut pas tout faire. Par exemple, l’élagage est interdit, car il implique des travaux en hauteur, jugés dangereux pour une personne mineure.
Le régime auto-entrepreneur : accessible à partir de 16 ans ?
Mineur non émancipé : une interdiction formelle
Un mineur non émancipé ne peut pas devenir auto-entrepreneur. Il lui est interdit de créer :
- Une micro-entreprise
- Une entreprise individuelle
Tant qu’il est sous l’autorité de ses parents ou de son tuteur, il ne peut pas légalement gérer ce type d’activité. Il devra attendre d’avoir 18 ans pour pouvoir s’inscrire librement.
Mineur émancipé : des démarches possibles
Le mineur émancipé peut créer une micro-entreprise, à condition d’obtenir une autorisation d’exercer le commerce, délivrée par :
- Le président du tribunal de grande instance
- Le juge des tutelles, si la demande d’émancipation est encore en cours
Une fois cette autorisation obtenue, il pourra :
- Créer une entreprise individuelle
- S’inscrire au RNE et au RCS
- Travailler comme indépendant dans le secteur commercial ou artisanal
Il devra toutefois gérer seul son activité, effectuer ses déclarations, payer ses cotisations sociales et respecter les obligations comptables et fiscales propres au régime micro-entrepreneur.
Créer son activité avant 18 ans est tout à fait envisageable, mais cela demande de bien comprendre les conditions légales. Que l’on soit émancipé ou non, il existe des solutions pour démarrer un projet, à condition de respecter les démarches nécessaires et de choisir une activité adaptée. Pour les jeunes motivés, c’est une excellente façon de découvrir le monde professionnel et de développer des compétences concrètes dès le plus jeune âge.