Boom des créations d’entreprise en 2025 : opportunité ou mirage ?

Boom des créations d’entreprise en 2025 : opportunité ou mirage ?

Publié le 23/05/2025 11:55 | Mis à jour le 10/06/2025 16:08 | 5 min de lecture

Un rebond marqué en avril, mais qui cache des lignes de tension
Le nombre total de créations d’entreprises a rebondi de 4,6 % en avril 2025 (données CVS-CJO), atteignant 95 032 entités. Ce chiffre est le plus élevé depuis mai 2024. Ce regain d’activité touche toutes les formes juridiques : micro-entrepreneurs (+4,9 %) comme entreprises classiques (+4,0 %).
Mais ce sursaut mensuel doit être analysé à la lumière d’un trimestre encore en repli : de février à avril, les créations diminuent de 1,1 % en glissement annuel, avec une chute de 17,2 % pour les entreprises individuelles classiques. Une baisse qui interroge.

Micro-entrepreneurs et sociétés : les deux seuls moteurs de croissance

Sur les douze derniers mois, le dynamisme des créations reste concentré sur deux catégories :
      • Les sociétés : +3,5 % de créations, soit 104 681 entités.
      • Les micro-entrepreneurs : +2,9 %, avec 255 003 enregistrements.
En revanche, les entreprises individuelles classiques reculent fortement, avec une baisse de 12,6 %. Cette dynamique illustre un basculement structurel des modes de création, influencé à la fois par le régime social, la fiscalité, et l’attrait pour la simplicité du régime micro.

Un point d’attention : dans l’univers assurantiel, cela induit une variation forte des profils de risque à couvrir. Un micro-entrepreneur dans les transports ou le bâtiment n’a ni les mêmes garanties nécessaires, ni la même exposition qu’un dirigeant de société dans l’informatique ou la restauration.

Les transports, secteur locomotif… mais à quel prix ?

C’est le secteur des transports et de l’entreposage qui enregistre la plus forte croissance en avril : +20,5 % en un mois, +21,7 % sur douze mois.
Cette dynamique s’explique par la poursuite du développement des activités liées à la livraison, au e-commerce, et au transport à la demande. Mais elle comporte des implications claires pour les entrepreneurs du secteur :
    •  Besoin de garanties RC Pro étendues, notamment pour la sous-traitance ou l’usage de véhicules personnels.
    •  Protection juridique renforcée, en raison des risques contractuels croissants avec les plateformes.
    •  Couvrements santé et prévoyance spécifiques, surtout chez les indépendants travaillant en horaires atypiques.
Un conseil : pour ceux qui démarrent dans ce secteur, comparez systématiquement les niveaux de franchises, plafonds d’indemnisation, et garanties spécifiques aux métiers de la logistique urbaine.

Le bâtiment décroche et alourdit le bilan du trimestre

Le secteur de la construction décroît de 12,5 % sur trois mois. C’est la principale source de recul des créations d’entreprises, avec 3 200 entités en moins sur le trimestre par rapport à 2024.
Le segment des travaux d’installation électrique chute particulièrement (-600 créations), en lien probable avec la baisse des permis de construire et le ralentissement des projets de rénovation.
Sur le plan assurantiel, cela signifie :
   •  Des volumes de souscription en baisse pour les garanties décennales sur les nouvelles immatriculations.
   •  Une pression sur les prix pour les assureurs spécialisés dans le BTP.
   •  Une nécessité pour les créateurs restants de bien calibrer leurs contrats décennaux, notamment en rénovation partielle ou sur ouvrages techniques.

Services aux ménages : un repli discret mais structurant

Le seul secteur en recul en avril : les services aux ménages (-1,5 %). Sur douze mois, la baisse atteint 3,7 %, témoignant d’un tassement après la surchauffe post-Covid (bien-être, coachs à domicile, services à la personne…).
Moins de créations signifie une augmentation de la concentration, avec des profils plus expérimentés qui subsistent. Pour les assureurs, cela peut entraîner :
    •  Une baisse des risques déclarés mais plus de sinistralité ciblée, notamment en responsabilité civile professionnelle.
   •  Une évolution des besoins vers des formules modulables, couvrant à la fois domicile, itinérance, ou interventions sensibles (gardes d’enfants, personnes âgées, etc.).

Ce que dit la répartition des statuts… sur vos couvertures à adapter

La part des micro-entrepreneurs représente désormais 64,7 % des créations sur douze mois. À l’inverse, les entreprises individuelles classiques ne pèsent plus que 9,4 %, contre 10,9 % un an plus tôt.
Cela impose aux professionnels de l’assurance de :
    •  Proposer des parcours de souscription simplifiés, adaptés à la volumétrie des micro-entreprises.
    •  Anticiper des besoins évolutifs : nombreux micro-entrepreneurs transforment leur statut au bout de 18 à 24 mois vers une société unipersonnelle.

À retenir : ne pas couvrir uniquement le présent de l’entreprise. Penser dès l’entrée en activité à la projection juridique et au risque assurantiel de demain.
L’effet des révisions : attention aux données de mars
L’Insee a révisé à la baisse la variation de mars 2025 : -1,7 % contre -1,3 % annoncé initialement. Cette correction s’explique par l’ajustement des coefficients de correction saisonnière.
En tant qu’assureur, ou intermédiaire, cela rappelle la nécessité de ne jamais s’appuyer uniquement sur les premières publications mensuelles, surtout pour caler des politiques de souscription sur des cycles courts.

Source : Insee, SIDE. (https://www.insee.fr/fr/statistiques/8569094)