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Trop souvent oubliés, quels sont les coûts cachés de la création d'une SASU ?

Publié le 10/10/2024 15:55 | Mis à jour le 12/12/2024 11:23 | 14 min de lecture

En 2023, la France a enregistré pas moins de 1 051 500 entreprises selon l'INSEE, dont plus de 63% sous la forme du régime de la micro-entreprise.

Concernant les Sociétés par Actions simplifiées (SAS), elles représentent 66 % des créations de sociétés. La Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle (SASU) est une SAS, constituée seulement d'un seul et unique associé. 27% de ces nouvelles entreprises créées, 27% d'entre-elles sont sous la forme de société à responsabilité limitée (SARL).

Mais pourquoi un tel engouement pour la création de SAS et notamment de SASU ? Est-ce si facile, peu couteux ? Voyons ensemble les coûts rééls que vous devez anticiper pour estimer au mieux de la côut de création d'une SASU.

Comprendre la SASU : une flexibilité adaptée aux besoins des entrepreneurs

La Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle (SASU) est une structure juridique permettant à un entrepreneur d’exercer une activité seul, avec un statut qui combine souplesse et sécurité.

La constitution d’une SASU commence par la rédaction des statuts, document clé qui encadre le fonctionnement de la société et les règles internes. Le capital social, librement fixé par l’associé unique, à partir d'un euro, est une particularité de la SASU. Il permet d’adapter les besoins financiers de l’entreprise en fonction de la nature de son activité.

Toutefois, pour les activités réglementées, telles que celles nécessitant une habilitation ou une certification particulière, les entrepreneurs doivent se conformer aux exigences légales spécifiques, quelle que soit la forme juridique choisie. 

Une fois les statuts rédigés et le capital défini, l'étape suivante consiste à procéder à l' immatriculation auprès du greffe du tribunal de commerce, une démarche incontournable pour conférer à la SASU son existence légale. Ce processus d'immatriculation permet à l'entreprise d'exister en tant que personne morale et d’opérer pleinement dans le cadre juridique français.

Cette structure permet une gestion flexible tout en offrant un cadre juridique clair, qu'il s'agisse d'une activité libérale, commerciale ou artisanale.

Le coût de création d'une SASU : démarches, frais et formalités

Créer une Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle (SASU) implique de s’engager dans un certain nombre de démarches et d'acquitter des frais qui varient en fonction des options choisies.

L'une des premières dépenses à prévoir concerne la rédaction des statuts. Pour éviter toute complication, faire rédiger les statuts et monter le dossier de A à Z par un expert-comptable ou un avocat, garantissant ainsi leur conformité juridique et souvent l'option choisie. Ces professionnels facturent des tarifs en fonction de la complexité des statuts et du type d' apport (en numéraire ou en nature) envisagé. Cependant, il est également possible de rédiger les statuts soi-même, une option qui permet de réduire les coûts, bien qu'elle présente un risque accru d'erreur.

SI le faire de son propre chef est "gratuit", l'accompagnement par un professionnel peut varier de 1500 euros à 2500 euros. Vous pouvez également vous orientez vers les solutions en ligne. Ces plateformes spécialisées simplifient les démarches et de bénéficier de tarifs souvent plus compétitifs. Ces solutions en ligne sont généralement plus abordables qu'une prestation de professionnels, mais elles nécessitent une bonne connaissance des aspects juridiques pour éviter des erreurs coûteuses. Les prix affichés sont variables, allant généralement de 150 à 300 euros.

Une fois les statuts rédigés, la publication d’une annonce légale dans un journal habilité est obligatoire. Cette formalité entraîne un coût non négligeable qui dépend principalement du département de publication : entre 138 euros (France métropolitaine et outremer) et 162 euros (La Réunion et Mayotte).

Après cette étape, il est nécessaire de procéder à l' immatriculation de la SASU auprès du registre du commerce et des sociétés (RCS). Cette immatriculation, réalisée auprès du greffe du tribunal de commerce, s'accompagne également de frais variables, selon le lieu et les particularités de la société.

En effet comptez : 

  • 37,45 € TTC pour une activité commerciale.
  • 37,45 € TTC + 15 € de redevance CMA + frais d’accompagnement éventuels (entre 100 et 200 €) pour une entreprise artisanale. D'ailleurs, les entrepreneurs qui choisissent l'artisanat ont la possibilité de suivre un Stage Préalable à l’Installation (SPI). Il s'agit d'une initiation à la gestion et à la comptabilité notamment qui court sur une durée de 30 heures (5 jours de formation) où le tarif varie de 200 et 300 € selon les Chambres des Métiers.

En plus de ces frais de constitution, la SASU doit se conformer à l’obligation de déclarer les bénéficiaires effectifs, une démarche légale qui vise à identifier les personnes exerçant un contrôle sur la société. Ce dépôt au greffe engendre également des frais supplémentaires, à hauteur de 21,41 € TTC. Mais le prix peut varier : 

  • 48,72 € TTC pour une déclaration initiale d’une personne morale immatriculée avant le 1er août 2017.
  • 43,35 € TTC pour une déclaration modificative.

Il est important de noter que, comparée à d’autres formes juridiques comme la SARL ou l’ EURL, la SASU présente une certaine souplesse dans sa constitution, mais les démarches et frais liés à son dépôt au greffe et à la publication de l' annonce restent similaires. Les entrepreneurs doivent ainsi anticiper ces coûts afin de ne pas être pris au dépourvu lors des formalités de création.

Les coûts cachés dans la création d'une SASU : attention aux imprévus financiers

Lors de la création d’une Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle (SASU), certains coûts visibles sont anticipés, comme nous venons de le voir : la rédaction des statuts, la publication, l' immatriculation, mais il existe également des coûts cachés qui peuvent peser sur la trésorerie et ralentir le projet. Ces dépenses, souvent sous-estimées, doivent être prévisibles dès le début pour éviter les mauvaises surprises financières.

L'un des premiers éléments à considérer concerne la protection de la propriété intellectuelle. En fonction de l’ activité exercée par la SASU, il peut être nécessaire de protéger des éléments clés du projet via le dépôt d'une marque, d'un brevet, ou d'un modèle auprès de l’ INPI.

Ces démarches ont un coût non négligeable, surtout si plusieurs apports immatériels doivent être protégés. Par exemple, le dépôt d'un brevet pour une innovation technique ou celui d'un dessin pour des créations visuelles s’inscrit dans une stratégie de protection qui nécessite d’allouer un montant spécifique au budget de la société.

De plus, dans certains cas, l’associé unique peut choisir de protéger plusieurs aspects de son activité via des actions supplémentaires comme le dépôt de plusieurs modèles ou la protection d’un design spécifique. Ces initiatives, bien qu'essentielles pour garantir la pérennité du projet, représentent un investissement souvent sous-estimé lors de la constitution du capital. Il est donc nécessaire que le capital social de départ soit suffisant pour couvrir ce type de financement. Par exemple, un faible capital risque de limiter la capacité à financer ces actions, mettant ainsi en danger la protection de la société sur le long terme.

Lors de la rédaction des statuts, vous devez prendre en compte le régime fiscal choisi car cela peut indirectement impacter les frais à long terme. Par défaut, une SASU sera soumise à l'impôts sur les sociétés, mais des exceptions existent pour pouvoir choisir l'option de l'impôt sur le revenu.

En fonction du régime, des obligations fiscales supplémentaires peuvent s’ajouter, générant des frais inattendus. Ainsi, la vigilance est de mise pour s'assurer que tous les aspects juridiques et financiers soient couverts dès le début, afin de limiter les risques d'imprévus coûteux.

En somme, ces coûts cachés sont d’une importance capitale pour la sécurisation de l'entreprise et la protection des créations intellectuelles. Une bonne anticipation et une allocation budgétaire précise dès la création de la SASU permettent d’assurer le bon développement de votre affaire et de protéger les actifs essentiels de la société.

Les coûts indispensables à ne pas sous-estimer lors de la création d'une SASU

En plus des frais liés à la création de la Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle (SASU), certains coûts récurrents et incontournables doivent être anticipés pour garantir le bon fonctionnement de l’entreprise sur le long terme. Ces investissements, souvent sous-estimés, sont pourtant essentiels à la viabilité et au développement de la société.

L'une des premières dépenses incontournables est la souscription à une assurance responsabilité civile professionnelle (RC Pro SASU). Cette assurance est nécessaire pour couvrir l’entreprise en cas de sinistres ou de dommages causés à des tiers dans le cadre de son métier. Le montant de cette assurance varie en fonction de la profession exercée et du niveau de couverture choisi, mais il est conseillé de l’intégrer dès la phase de constitution pour éviter d’éventuels litiges qui pourraient rapidement alourdir la charge financière de la société. C'est pourquoi, même s'elle n'est pas obligatoire pour toutes les activités, la RC Pro est vivement conseillé pour se prémunir face aux risques événtuels.

Par ailleurs, il est indispensable de prévoir la création d’un site web professionnel. Aujourd'hui, la visibilité en ligne est un levier de croissance majeur pour une entreprise, quel que soit son secteur. Le coût d'un site web varie en fonction de la complexité du ou des projets, mais il faut également inclure le dossier technique et l’achat d’un nom de domaine, nécessaire pour renforcer la crédibilité de l’entreprise. Si ces frais peuvent sembler optionnels pour certains entrepreneurs, ils sont en réalité vitaux pour attirer des clients et partenaires.

La gestion d’un compte bancaire professionnel est également un élément incontournable dans la gestion quotidienne de la SASU. Ce compte est obligatoire pour séparer les finances personnelles et professionnelles, garantissant une gestion plus rigoureuse et transparente des comptes.

Certains établissements bancaires appliquent des frais mensuels ou annuels pour la tenue de ce compte, frais qu'il convient de prévoir dans le budget initial de l'entreprise.

En plus des frais bancaires, la gestion de la comptabilité doit être prise en considération. Selon la taille et le secteur de métier de la SASU, il peut être nécessaire de faire appel à un expert-comptable pour établir les comptes annuels et les diverses déclarations fiscales. Le montant de ces prestations varie en fonction des effectifs de l’entreprise et de la complexité des opérations, mais il est crucial de l'anticiper pour respecter les obligations légales en matière comptable.

Enfin, il est important de prévoir des investissements matériels adaptés au développement de la SASU. Selon le secteur, cela peut inclure l’achat d’équipements spécifiques, indispensables pour assurer la qualité et la performance opérationnelle de l’entreprise. Que ce soit des outils, des logiciels, ou du matériel informatique, ces dépenses doivent être intégrées dès la phase de création pour éviter toute interruption dans le bon déroulement des opérations.

En résumé, bien que certains frais soient souvent bien identifiés, il est essentiel de ne pas sous-estimer les frais d’exploitation et de gestion courante d'une SASU. Une anticipation rigoureuse de ces postes de dépense permet d'assurer une gestion saine et pérenne de la société.

Les oublis fréquents et leurs conséquences : anticiper les pièges financiers

Lors de la gestion d’une SASU, certains oublis peuvent engendrer des conséquences financières significatives, en particulier lorsqu'il s'agit des obligations légales et fiscales. De nombreux entrepreneurs, concentrés sur le développement de leur activité, négligent les formalités administratives qui accompagnent la vie de leur société, créant ainsi des situations coûteuses qu’il aurait été possible d'éviter avec une meilleure anticipation.

L'un des premiers oublis fréquents concerne les cotisations sociales. Dans une SASU, le dirigeant est généralement assimilé salarié, ce qui implique qu'il est soumis à un régime spécifique de cotisations. Ces charges sociales peuvent représenter un coût substantiel, et leur déclaration doit être faite de manière régulière pour éviter toute pénalité de retard. L’ oubli de ces obligations entraîne rapidement des sanctions qui peuvent fragiliser la trésorerie de la société.

Il en va de même pour l’ Impôt sur les Sociétés (IS), dont le montant dépend des bénéfices réalisés. Si la SASU n’a pas opté pour le régime fiscal de l’impôt sur le revenu, l’IS est une charge annuelle incontournable. Les entrepreneurs doivent s'assurer de bien déclarer leurs bénéfices dans les délais impartis sous peine de majorations et d’amendes. Cet impôt est souvent mal anticipé, notamment lors des premières années d'activité, où les bénéfices peuvent être faibles mais où une bonne protection fiscale reste essentielle.

En cas de cessation, les entrepreneurs sont également confrontés à des fraiss supplémentaires liés à la dissolution et à la liquidation de la société. Ces démarches, souvent longues et coûteuses, nécessitent l’intervention d’un professionnel pour établir le bilan de liquidation, une étape légale indispensable avant la clôture définitive de la SASU. Cette procédure engendre non seulement des frais de liquidation, mais elle peut également impliquer des charges sociales et fiscales supplémentaires, que beaucoup d’entrepreneurs sous-estiment.

Enfin, la conception d’un plan de trésorerie prévisionnel devrait inclure ces formalités de fin de vie de l'entreprise pour éviter toute surprise financière. Le non-respect des délais de dissolution ou de liquidation peut non seulement retarder la fermeture de l'entreprise, mais aussi entraîner des frais imprévus.

En somme, une bonne gestion des obligations légales et fiscales est cruciale pour éviter les erreurs coûteuses. Une anticipation rigoureuse de ces obligations permet de protéger la santé financière de la société et de s'assurer que toutes les étapes administratives sont respectées, depuis la création jusqu'à une éventuelle liquidation.

Conclusion : anticiper les coûts pour une gestion sereine de la SASU

La création d’une SASU implique un ensemble de coûts visibles et cachés qu’il est indispensable d’anticiper pour garantir la pérennité de l'entreprise. Les apports en capital social, qui peuvent être en numéraire ou en nature, constituent une étape cruciale dans la constitution de la SASU. Cependant, ces apports ne représentent qu'une partie des dépenses. D’autres frais, tels que ceux liés à l’ immatriculation au registre du commerce et des sociétés, les frais de publication dans un journal d’annonces légales, ainsi que les démarches pour la protection de la propriété intellectuelle (comme le dépôt de brevets ou de marques), sont tout aussi essentiels.

Les entreprises qui choisissent cette forme juridique bénéficient d’une grande souplesse dans la gestion de leur capital social et de leur fonctionnement. Toutefois, il est impératif de bien comprendre les obligations légales et fiscales associées. Par exemple, les bénéficiaires effectifs doivent être déclarés, ce qui entraîne des formalités supplémentaires à prévoir. De même, les SAS, bien que plus flexibles que les SARL ou les EURL, doivent également respecter les règles du régime fiscal applicable, notamment l' Impôt sur les Sociétés (IS), une charge non négligeable pour de nombreuses entreprises.

Le choix d'une SAS est souvent motivé par sa flexibilité et son potentiel de développement, notamment pour des projets de grande envergure nécessitant un accompagnement financier soutenu. Cependant, chaque étape du projet, de la rédaction des statuts à la gestion des dossiers administratifs, demande une gestion rigoureuse et proactive des finances pour éviter les imprévus qui pourraient freiner le développement de l’entreprise.

Investir dans des outils, des infrastructures et des services adaptés permet d’optimiser les performances tout en garantissant la conformité légale de l'entreprise. Un accompagnement professionnel, qu'il soit comptable, fiscal ou juridique, peut s’avérer indispensable pour veiller à ce que chaque dépense soit bien anticipée et chaque obligation respectée. Ainsi, une gestion proactive et bien pensée des coûts permettra à l’entrepreneur non seulement de sécuriser la création, mais également de poser des bases solides pour le développement à long terme de sa société, en évitant les pièges financiers et administratifs qui guettent les jeunes entreprises.

Dans ce cadre, bien que la SASU offre de nombreux avantages en termes de souplesse par rapport à d’autres formes juridiques comme la SARL ou l' EURL, la clé du succès réside dans une bonne anticipation des coûts visibles et cachés, ainsi que dans un suivi attentif des obligations légales et fiscales.