Le "protection gap" ou sous-assurance.

Protection gap : Entrepreneurs, le fossé qui se creuse entre vos risques et vos assurances

Publié le 22/11/2025 11:00 | Mis à jour le 22/11/2025 11:00 | 6 min de lecture

De nombreuses petites entreprises croient être correctement protégées, alors que leurs contrats d’assurance ne couvrent pas tous les risques auxquels elles sont exposées. Ce phénomène, appelé sous-assurance ou "protection gap", peut avoir des conséquences graves sur la continuité et la stabilité financière d’une TPE, d’une PME ou d’un auto-entrepreneur.

Selon le dernier rapport Hiscox 2025 sur la sous-assurance des petites entreprises, 74 % des dirigeants interrogés en France et dans le monde sont concernés. Dans cet article, nous explorons les enjeux de la sous-assurance et proposons des pistes concrètes pour sécuriser votre activité.

Obtenez un résumé de l'article :

 

Qu’est-ce que la sous-assurance et pourquoi touche-t-elle tant de TPE et PME ?

La sous-assurance correspond à la différence entre la couverture détenue et celle réellement nécessaire. Elle survient lorsque :

  • Les polices d’assurance ne sont pas adaptées à la croissance de l’entreprise.
  • Les plafonds de garantie ne couvrent pas la valeur réelle des biens, du chiffre d’affaires ou des risques opérationnels.
  • Les dirigeants ne comprennent pas précisément ce que couvre leur assurance.

Le rapport Hiscox souligne que beaucoup de petites entreprises n’ont pas réévalué leurs contrats depuis plusieurs années. Par exemple, 33 % n’ont pas mis à jour leur assurance responsabilité civile générale depuis trois ans, et 30 % de celles en activité depuis trois ans ont vu leur chiffre d’affaires croître de plus de 5 %, sans ajuster leur couverture. Cela crée un faux sentiment de sécurité.

Quels types de risques sont souvent négligés par les TPE et PME ?

Les petites entreprises font face à une variété de risques : opérationnels, financiers, juridiques, cyber et liés à la responsabilité civile. Les plus fréquents incluent :

  • Dommages aux biens : perte ou destruction de matériel, stocks ou locaux.
  • Responsabilité civile générale : accidents impliquant des tiers dans les locaux de l’entreprise.
  • Responsabilité civile professionnelle : erreurs ou négligences dans la prestation de services.
  • Cyber-risques : piratage, vol de données clients, rançongiciels.
  • Responsabilité employeur : accidents ou blessures des salariés.

Selon l’étude Hiscox, la connaissance des couvertures est très faible :

Type d’assurance% de dirigeants capables d’identifier correctement ce qu’elle couvre
Responsabilité civile générale35 %
Responsabilité civile professionnelle20 %
Assurance cyber23 %

Ce déficit de compréhension entraîne des situations où les entreprises pensent être protégées contre des risques qui ne le sont pas, comme les incendies, les inondations ou les actions en justice liées à la prestation de conseils.

Comment savoir si mon entreprise est sous-assurée ?

Le rapport Hiscox propose une approche simple pour identifier les lacunes de couverture :

  1. Vérifier la date de mise à jour de vos contrats. Si vous n’avez pas ajusté votre assurance depuis plus de trois ans, vos besoins ont probablement évolué.
  2. Comparer vos plafonds de garantie avec la valeur réelle de vos biens et du chiffre d’affaires.
  3. Identifier les risques spécifiques à votre secteur et à votre activité.
  4. Consulter un courtier ou un spécialiste pour évaluer vos besoins exacts.

Exemples de plafonds de garantie insuffisants observés par Hiscox :

Type d’assurance% d’entreprises avec plafond < 1 million €
Dommages aux biens82 %
Responsabilité civile générale65 %
Responsabilité civile professionnelle60 %  

 

Quelles sont les erreurs les plus fréquentes des dirigeants de TPE et PME ?

  • Ne pas réévaluer leur assurance malgré la croissance de l’entreprise.
  • Sous-estimer les risques cyber : 33 % des dirigeants pensent à tort que leur entreprise est trop petite pour être ciblée.
  • Confondre les couvertures : 70 % pensent à tort que la responsabilité civile générale couvre les incendies ou les inondations.
  • Attendre avant de souscrire : 24 % ne prennent pas d’assurance avant d’avoir réalisé un bénéfice.

Ces lacunes sont particulièrement visibles dans des pays comme le Portugal (88 % ignorent ce que couvre l’assurance responsabilité civile professionnelle), l’Allemagne (84 %) ou les États-Unis (83 %).

Comment ajuster la couverture de mon entreprise ?

Voici quelques recommandations concrètes :

  • Réévaluer annuellement votre contrat ou dès qu’il y a une croissance de plus de 20 % du chiffre d’affaires, des effectifs ou des activités.
  • Adapter les plafonds de garantie en fonction de la taille réelle des risques.
  • Se concentrer sur les couvertures essentielles : responsabilité civile générale, responsabilité professionnelle, cyber, dommages aux biens et responsabilité employeur.
  • Former les dirigeants et collaborateurs pour comprendre les limites des assurances.
  • Consulter un courtier spécialisé, qui pourra proposer des solutions adaptées aux risques spécifiques de votre activité.

Quels sont les signes qui montrent que je dois souscrire certaines assurances ?

Le rapport Hiscox propose un questionnaire simplifié pour évaluer les besoins :

  • Vous fournissez des conseils payants pouvant affecter vos clients → assurance responsabilité civile professionnelle.
  • Vous travaillez avec des équipements sensibles ou stockez des données clients → assurance cyber.
  • Vous recevez des clients dans vos locaux → responsabilité civile générale.
  • Vous avez des salariés → responsabilité civile employeur.
  • Vous possédez des biens ou des stocks pouvant perturber vos activités en cas de perte → assurance dommages aux biens.

Quelle est l’importance de l’assurance cyber pour une petite entreprise ?

Même les plus petites entreprises sont exposées aux cyber-risques. Le rapport Hiscox souligne que :

  • Seules 23 % des dirigeants comprennent réellement ce que couvre leur assurance cyber.
  • 42 % des entreprises sans assurance cyber pensent ne pas en avoir besoin.

Les cyberattaques peuvent générer des coûts élevés liés à la récupération de données, aux notifications clients ou aux rançons.

Ressources utiles pour les TPE et PME en France

Pour compléter vos connaissances et sécuriser votre entreprise, vous pouvez vous appuyer sur :

  • Bpifrance : financement, innovation et expansion internationale.
  • Chambres de Commerce et d’Industrie : formations, conseils juridiques, networking.
  • Réseau Entreprendre : mentorat et accompagnement stratégique.
  • France Active : conseil aux entreprises socialement responsables.

FAQ pour TPE, PME et auto-entrepreneurs

  • Mon entreprise est-elle trop petite pour être attaquée ou subir un sinistre ?

    Non, toutes les entreprises peuvent être exposées à des accidents, des litiges ou des cyberattaques. La taille ne protège pas.

  • Combien coûte une assurance responsabilité civile générale adaptée ? 

    Les tarifs dépendent du secteur, de la taille et des plafonds de garantie. Selon Hiscox, la plupart des TPE plafonnent à 1 million €, ce qui peut être insuffisant selon l’activité.

  • Dois-je réévaluer mon assurance chaque année ? 

    Oui. La croissance de votre chiffre d’affaires, de vos locaux ou de vos activités peut rendre votre assurance obsolète.

  • L’assurance responsabilité civile professionnelle couvre-t-elle les dommages matériels chez un client ?

    Non, elle couvre uniquement les erreurs ou omissions liées aux prestations de service.

  • Quelles assurances sont indispensables pour un freelance ou auto-entrepreneur ? 

    Responsabilité civile professionnelle, assurance cyber (si stockage de données clients), éventuellement responsabilité civile générale et assurance dommages aux biens si vous utilisez du matériel professionnel.