API et cybersécurité.

Pourquoi les hackers ciblent désormais les APIs des petites entreprises plutôt que les grandes ?

Publié le 21/11/2025 11:00 | Mis à jour le 21/11/2025 11:00 | 6 min de lecture

Les petites entreprises, souvent moins équipées que les grands groupes, multiplient les usages d’API pour connecter leurs outils. Ces interfaces offrent des gains de productivité, mais elles créent aussi des points d’entrée supplémentaires pour les cybercriminels. Selon les chiffres du rapport 2024 de Salt Security, les attaques ciblant les APIs ont augmenté de 94 % en un an. Dans 82 % des cas, elles exploitent des API exposées ou insuffisamment protégées.

Parce que les TPE, PME et auto-entrepreneurs utilisent désormais des CRM, logiciels comptables, passerelles de paiement ou outils RH, leurs données transitent par des environnements ouverts. Une configuration incomplète ou un endpoint oublié - un appareil connecté à un réseau, comme un ordinateur ou un smartphone - suffit pour qu’un attaquant contourne les défenses classiques.

Les équipes techniques manquent souvent de temps ou de ressources pour maintenir à jour l’ensemble des flux. Selon une enquête menée auprès de 300 dirigeants de petites structures, 37 % ne savent pas exactement quelles APIs sont actives dans leurs systèmes. Cette méconnaissance crée un terrain propice aux intrusions.
 

  Qu’est-ce qu’une API ?

API, ou Interface de Programmation d’Application, c’est un ensemble de règles qui permet à un logiciel d’échanger des données ou des fonctionnalités avec un autre logiciel. Elle agit comme un pont facilitant la communication entre différentes applications.     

Quelles sont les méthodes les plus fréquentes utilisées par les cybercriminels contre les APIs ?

Obtenez un résumé de l'article :

 

Les pirates ciblent désormais les APIs pour accéder directement aux données internes, contourner l’authentification ou saturer les serveurs. Voici les techniques les plus observées :

  • Attaques par énumeration

Les attaquants testent des identifiants, paramètres ou numéros jusqu’à tomber sur un accès valide. Cette logique industrielle fonctionne sur les API non verrouillées. Elle représente 28 % des attaques recensées en 2024.

  • Injection dans les requêtes

Une API qui ne filtre pas correctement permet à un pirate d’injecter du code malveillant. Cette technique touche surtout les API connectées aux bases de données. On l’observe dans 24 % des cas.

  • Usurpation de token

Un token d’accès expiré mais encore accepté, ou transmis sans contrôle, suffit pour entrer dans l’environnement interne. Ces attaques sont responsables de 19 % des incidents.

  • Déni de service via APIs

En saturant les endpoints, les cybercriminels provoquent un arrêt d’activité, parfois long pour les petites structures dépendant de leurs outils en ligne. Cela représente 17 % des cas observés.

Quelles conséquences pour les TPE, PME et auto-entrepreneurs ?

Les impacts sont significatifs, car les APIs touchent directement le cœur de l’activité.

  • Exfiltration de données

La fuite d’informations touche en moyenne 3 800 enregistrements par incident. Cela inclut :

  • Données clients (email, adresse, numéro de téléphone) ;
  • Coordonnées bancaires ;
  • Documents internes ;
  • Informations RH.
     
  • Arrêt d’activité

La durée moyenne de paralysie après une attaque API atteint 4,2 jours. Pour beaucoup de petites structures, cela représente une perte financière immédiate et une désorganisation durable.

  • Coûts moyens engendrés

Les données du même rapport indiquent un coût moyen de 28 000 euros pour un incident lié à une API exposée, incluant :

  • Restauration des données ;
  • Intervention d’experts ;
  • Perte de chiffre d’affaires ;
  • Communication de crise.
     
  • Sanctions réglementaires

Lorsqu’une fuite de données personnelles survient, les petites entreprises s’exposent à des démarches obligatoires et parfois à des pénalités administratives.

Comment identifier les APIs exposées dans son système d’information ?

Pour limiter les risques, il faut commencer par repérer les interfaces actives. Trois actions essentielles :

  1. Inventaire complet des API utilisées : internes, externes, partenaires.
  2. Analyse des endpoints (appareils tels que ordinateur, smartphone, tablette) actifs, y compris ceux non documentés.
  3. Revue des droits d’accès, souvent trop larges ou non mis à jour.

Selon un audit mené en 2024 sur 150 structures de moins de 20 salariés, 71 % avaient au moins une API active et non documentée.

Quel niveau de protection mettre en place pour éviter les attaques ?

Voici un tableau comparatif des mesures de protection :

SolutionEffet principalCoût moyenNiveau d’efficacité observé
Pare-feu APIFiltre les requêtes et bloque les comportements suspects1 200 euros/anÉlevé sur les tentatives d’injection
Gestion de l’authentificationRenforce le contrôle des identités300 euros/anBon sur l’usurpation de tokens
Monitoring des flux APIDétecte les anomalies en temps réel800 euros/anTrès bon sur l’énumération
Audit annuelListe les API exposées et les risques1 000 eurosExcellent mais ponctuel

La combinaison de plusieurs couches de protection reste la plus efficace.

 

Comment l’assurance Cyber couvre-t-elle les risques liés aux APIs exposées ?

Les assureurs constatent depuis deux ans une hausse continue des sinistres impliquant des APIs. Chez plusieurs acteurs spécialisés, environ 22 % des déclarations en 2024 concernaient directement une attaque via une API vulnérable.

Une assurance ou option Cyber adaptée aux petites entreprises prend généralement en charge :

  • L’assistance informatique d’urgence ;
  • L’analyse technique de l’attaque ;
  • La restauration des données ;
  • La prise en charge des pertes d’exploitation ;
  • La gestion juridique et communicationnelle en cas de fuite.

Exemple de niveaux de garantie observés :

  • Forfait 250 000 euros, primes à partir de 380 euros/an.
  • Forfait 500 000 euros, primes autour de 690 euros/an.

Ces montants reflètent des offres destinées aux structures de moins de 20 salariés, selon les données recueillies auprès d’assureurs spécialisés en 2024.

FAQ – API exposées et cybersécurité 

  • Une petite entreprise est-elle vraiment ciblée via ses API ?

    Oui. Plus de 60 % des attaques API recensées en 2024 ont touché des structures de moins de 50 salariés.

  • Comment savoir si une API est exposée ? 

    Une API est exposée lorsqu’elle est accessible sans restriction, mal authentifiée ou oubliée dans la documentation. Un audit permet de les détecter.

  • Quel est le coût moyen d’une attaque API pour une TPE ? 

    Les données 2024 indiquent un coût moyen de 28 000 euros par incident.

  • Une assurance Cyber couvre-t-elle les attaques via API ?

    Oui, les contrats ou options Cyber couvrent : l’assistance informatique, les pertes d’exploitation, la restauration des données et l’accompagnement juridique.

  • Quel budget prévoir pour mieux sécuriser ses APIs ? 

    Les solutions de sécurité varient entre 300 et 1 200 euros/an selon l’outil choisi.