Les 5 garanties indispensables pour couvrir votre entreprise contre l’espionnage industriel

Les 5 garanties indispensables pour couvrir votre entreprise contre l’espionnage industriel

Publié le 13/10/2025 11:00 | Mis à jour le 23/10/2025 09:54 | 5 min de lecture

Le cyber-espionnage industriel n’est plus un scénario de film : c’est un risque fréquent pour les entreprises innovantes (R&D, tech, industrie, santé, énergie, SaaS). Objectif des attaquants : voler des secrets d’affaires, brevets, roadmaps, données clients/fournisseurs… souvent via des campagnes discrètes et durables (APT), mêlant ingénierie sociale, malwares furtifs et rebonds chez des prestataires.

On vous explique ce que doit vraiment couvrir votre assurance cyber, comment la comparer et quelles preuves rassembler en cas de sinistre.

1) Ce que l’assurance cyber peut couvrir contre l’espionnage

Pilier “dommages propres”
  • Forensic & remédiation : prise en charge des frais d’expertise (investigation, containment, éradication, durcissement), reconstitution des données et remise en service des systèmes.
  • Pertes d’exploitation : indemnisation de l’interruption d’activité (ex. immobilisation d’une ligne de prod, d’une plateforme e-commerce).
  • Cyber-extorsion (rançongiciel) : frais de négociation/experts, accompagnement dédié.
  • Gestion de crise : communication, hotline 24/7, notification aux personnes concernées et aux autorités (ex. CNIL), monitoring réputationnel.
Pilier “responsabilité”
  • RC cyber : défense et indemnités en cas de réclamations de clients/partenaires (fuite de données, atteinte à un secret d’affaires, non-respect d’un engagement contractuel).
  • Assistance juridique : conseils en RGPD, secrets d’affaires, propriété intellectuelle, litiges post-incident.
Volet prévention (souvent inclus)
  • Scans de vulnérabilités, audits, programmes de sensibilisation.
  • Accès à des outils/partenaires techniques (EDR/XDR, filtrage, sauvegardes managées).

À retenir : les meilleures polices combinent financement, méthode (équipes d’intervention) et prévention pour réduire l’impact… et la probabilité de récidive.

2) Clauses à scruter avant de signer

  • Définitions & déclenchement : événement couvert à la date d’attaque ou de découverte ? Période rétroactive prévue (utile pour les APT “dormantes”) ?
  • Plafonds & sous-limites : par sinistre, par année, et par poste (forensic, communication, interruption, extorsion…).
  • Franchise : fixe, pourcentage, ou seuil temporel (ex. X heures d’arrêt non indemnisées).
  • Prestataires imposés : libre choix de vos experts ou panel agréé par l’assureur ?
  • Fournisseurs critiques : la perte d’exploitation indirecte (ex. cloud, hébergeur, MSP) est-elle couverte ? Y a-t-il une carence fournisseur ?
  • Exclusions fréquentes : défaut de mises à jour, négligence grave, fraude interne volontaire, actes étatiques/guerre, certaines amendes administratives (des extensions existent), retard de notification à l’assureur.

3) Spécificités secteur industriel & OT

Pour les environnements OT/SCADA (énergie, chimie, manufacturing, transport) :

  • Cible d’APT (collecte au long cours) et de sabotage (arrêt de production).
  • Failles protocolaires (Modbus, DNP3, BACnet), IoT peu sécurisé, dépendance à la chaîne d’approvisionnement logicielle.
  • Vérifiez que la police couvre : interruption de process, dégâts immatériels, coûts de redémarrage, accompagnement sur sites distants et coordination avec l’hébergeur / l’intégrateur.

4) Combien ça coûte (ordre de grandeur)

  • TPE/PME (CA < 10 M€) : ~0,1 % à 0,5 % du CA en prime annuelle selon exposition, mesures de sécurité et historique.
  • ETI/Grands comptes : primes sur-mesure avec capacités additionnelles et exigences de prévention plus élevées.

Astuce : une maturité sécurité (MFA, EDR, segmentation, sauvegardes testées, gestion des correctifs) fait baisser la prime et élargit le périmètre couvert. 

5) Exemples de sinistres (cas typiques indemnisés)

  • PME industrielle : chiffrement des serveurs R&D → forensic (85 k€), restauration (120 k€), perte d’exploitation 5 jours (230 k€).
  • Cabinet d’affaires : fuite de mémos confidentiels → notification, défense en RC, prise en charge des réclamations clients.
  • Site marchand : attaque DDoS pendant un lancement → perte de CA couverte + renforcement d’infra.

6) Comment déclarer un espionnage industriel (et éviter les refus)

Conservez immédiatement :
  • Preuves techniques (journaux, images disques, captures, e-mails de hameçonnage, chemins d’exfiltration).
  • Rapports internes (alertes SOC, audits, tickets) et témoignages.
Activez sans délai (souvent < 24–48h) :
  • La hotline sinistre de l’assureur (déclaration formelle).
  • Vos équipes forensic (maîtriser, diagnostiquer, préserver la preuve).
  • Votre conseil (RGPD/secrets d’affaires) pour les notifications et la stratégie.
Voies judiciaires (au besoin) :
  • Plainte (commissariat/gendarmerie ou procureur), saisie-contrefaçon, signalement DGSI si enjeu souveraineté.
  • Clauses NDA et secret des affaires à l’appui des demandes.

Important : la rapidité, la traçabilité des actions et la conservation de la preuve conditionnent l’indemnisation et la réussite des poursuites.

7) Check-list express avant souscription

  • Cartographier vos actifs sensibles (R&D, IP, contrats, données clients).
  • Mesurer la dépendance au SI (heures d’arrêt acceptables, RTO/RPO).
  • Tester vos sauvegardes et votre plan de réponse à incident.
  • Exiger dans la police : forensic 24/7, pertes d’exploitation, extorsion, RC, communication, accompagnement RGPD.
  • Valider : plafonds, sous-limites, franchise, rétroactivité, fournisseurs.
  • Négocier : panel libre d’experts, extension sanctions administratives si possible, couverture des prestataires critiques.

On réponds à vos questions

L’assurance cyber rembourse-t-elle une rançon ?
Certaines polices prennent en charge frais de négociation et services associés ; le paiement est encadré (légal, proportionné, dernier recours). La priorité reste la remédiation et la reprise sans céder.
Et les amendes RGPD ?
Souvent exclues par principe. Des extensions existent selon les juridictions, sous conditions. La police couvre en revanche défense, notification et gestion de crise.
Un prestataire (cloud/MSP) tombe : suis-je couvert ?
Vérifiez la perte d’exploitation “dépendance fournisseur” et les sous-limites. Beaucoup de contrats écartent ou restreignent ce cas.

Ce qu’il faut retenir : 

  • Protégez vos secrets d’affaires des APT : l’assurance doit financer forensic, remise en état, pertes d’exploitation et défense.
  • Anticipez les conditions : rétroactivité, sous-limites, exclusions, fournisseurs.
  • Prévenez pour payer moins : MFA, EDR/XDR, sauvegardes testées, patching, formation.
  • Réagissez vite : déclaration en 24–48 h, préservation des preuves, experts activés, trajectoire de reprise.

Besoin d’un diagnostic rapide de vos besoins (OT/IT, R&D, cloud, obligations NIS2/RGPD) et d’un cadrage de garanties ? Des professionnels et experts dans chaque domaine peuvent pour accompagner dans ces démarches.