TVA, cotisations, fiscalité : les nouvelles règles qui plombent les micro-entreprises
Sommaire
- 1. La hausse des cotisations sociales : une ponction directe sur vos revenus
- 2. La menace persistante sur les seuils de TVA
- 3. La réforme des dépassements de seuils : moins de souplesse
- 4. Les meublés touristiques fiscalement désavantagés
- 5. Revalorisation du PASS : hausse automatique des contributions
- 6. Réforme des retraites : plus de droits, mais plus de charges
- 7. Les allègements de charges en voie de disparition
- 8. L’administration fiscale et sociale se durcit
- 9. Une fiscalité moins avantageuse
- Comment anticiper et limiter les pertes ?
L’année 2025 s’annonce tendue pour les auto-entrepreneurs. Derrière les annonces officielles et les débats parlementaires, plusieurs réformes déjà en vigueur ou en préparation risquent de faire fondre le revenu net de nombreux indépendants. Hausse des cotisations sociales, fiscalité durcie, projet de baisse des seuils de TVA : les mesures s’accumulent et pèsent directement sur la rentabilité des petites activités.
On vous explique tous ce qu’il faut savoir sur ce qui va vous coûter plus cher en 2025 – et ce que vous devez impérativement anticiper pour protéger votre pouvoir d’achat.
1. La hausse des cotisations sociales : une ponction directe sur vos revenus
Depuis le 1er janvier 2025, les professions libérales relevant du régime général voient leurs charges sociales augmenter. Le taux passe de 23,1 % à 24,6 % du chiffre d’affaires, soit une perte nette d’environ 150 € pour chaque tranche de 10 000 € de CA. Et ce n’est pas fini : une nouvelle augmentation est déjà prévue en 2026, avec un taux qui grimpera à 26,1 %.
Cela concerne notamment les consultants, coachs, rédacteurs, graphistes et toutes les activités libérales non réglementées.
Ce que cela signifie concrètement : à revenu constant, votre reste à vivre diminue. Et si vous bénéficiez de l’ACRE, votre taux préférentiel est lui aussi revu à la hausse, passant à 12,3 %.
2. La menace persistante sur les seuils de TVA
Le Projet de Loi de Finances 2025 prévoyait l’abaissement du seuil de franchise en base de TVA à 25 000 € de chiffre d’affaires pour tous les auto-entrepreneurs. Face à la contestation, le gouvernement a suspendu cette mesure jusqu’à fin 2025. Mais elle n’est pas abandonnée.
Ce que cela implique : si vous réalisez aujourd’hui entre 25 000 € et 37 500 € (ou 85 000 € pour la vente de biens), vous êtes encore exonéré de TVA. En 2026, vous pourriez devoir la facturer à vos clients, la déclarer, et la reverser à l’État.
Impact immédiat : perte de compétitivité si vous travaillez avec des particuliers (qui ne récupèrent pas la TVA), gestion administrative alourdie, et risque d’erreur sur les déclarations.
3. La réforme des dépassements de seuils : moins de souplesse
Jusqu’en 2024, un auto-entrepreneur pouvait dépasser les seuils de TVA pendant deux années consécutives avant d’y être assujetti. Ce n’est plus le cas. Depuis 2025 :
- Le dépassement du seuil de base entraîne une assujettissement automatique à la TVA l’année suivante.
- Le dépassement du seuil majoré oblige à facturer la TVA dès le jour du dépassement.
Conséquence directe : un dépassement ponctuel, même en fin d’année, peut entraîner une perte immédiate du régime de franchise, sans période de transition.
4. Les meublés touristiques fiscalement désavantagés
Si vous louez des meublés de tourisme via Airbnb ou Booking, les règles changent :
- L’abattement fiscal passe à 30 % (au lieu de 50 %) pour les meublés non classés, avec un plafond de 15 000 € de CA.
- Pour les meublés classés et chambres d’hôtes, l’abattement passe à 50 % (au lieu de 71 %).
Résultat : imposition sur une base beaucoup plus élevée, ce qui peut doubler votre impôt si vous déclarez en micro-BIC. C’est une perte sèche pour ceux qui utilisaient ce statut pour un complément de revenu.
5. Revalorisation du PASS : hausse automatique des contributions
Le Plafond Annuel de la Sécurité Sociale (PASS) a été revalorisé à 47 100 €. Cela peut paraître anodin, mais en réalité :
- Vos cotisations minimales augmentent (ex. : indemnités journalières, maternité).
- Les seuils d’exonération et les plafonds d’abattements fiscaux sont indirectement touchés.
Pour vous : encore une source de prélèvements plus élevés, parfois sans bénéfice direct visible.
6. Réforme des retraites : plus de droits, mais plus de charges
La réforme votée en 2024 prévoit désormais que les retraités auto-entrepreneurs cotisent à la retraite complémentaire. Certes, ils acquièrent des droits, mais :
- Ils doivent continuer à cotiser, même s’ils n’ont pas d’intention de compléter leur retraite à long terme.
- Aucun choix n’est laissé : la cotisation est obligatoire, quel que soit le revenu.
Conséquence : toute activité complémentaire devient moins attractive financièrement pour les seniors.
7. Les allègements de charges en voie de disparition
Les dispositifs d’exonération partielle (type ACRE ou réductions pour l’embauche d’apprentis) sont de plus en plus limités. En 2025 :
- La prime à l’embauche d’un apprenti est réduite de 6 000 € à 5 000 €.
- Certaines exonérations maladies et familiales sont plafonnées à des niveaux plus bas.
Cela rend plus coûteux le recours à une aide ou à un contrat d’apprentissage, y compris pour les auto-entrepreneurs en forte croissance.
8. L’administration fiscale et sociale se durcit
Depuis janvier 2025, le guichet unique est devenu obligatoire pour toutes les formalités. Si vous avez connu les bugs d’Infogreffe ou du portail Urssaf, vous savez que cette centralisation n’est pas toujours synonyme d’efficacité.
De plus, les contrôles sont renforcés, notamment sur :
- Les dépassements de seuils de TVA
- Les abus dans les déclarations d’activité
- Le non-respect de la comptabilité obligatoire (livre de recettes, registre des achats)
En cas d’erreur, la sanction tombe : redressement fiscal, amende, exclusion du régime. La moindre négligence peut coûter cher.
9. Une fiscalité moins avantageuse
Plusieurs mesures touchent également à la fiscalité personnelle des auto-entrepreneurs :
- Le barème de l’impôt sur le revenu a été révisé : en cas d’augmentation de CA, vous grimpez plus vite de tranche.
- La réduction pour adhésion à un organisme de gestion agréé (OGA) est supprimée.
- Les conditions pour bénéficier du versement libératoire sont plus strictes : il faut un revenu fiscal de référence 2023 inférieur à 28 797 € (1 part).
Résultat : plus d’auto-entrepreneurs devront payer leur impôt au réel, avec parfois des montants plus élevés qu’en micro-fiscal.
Comment anticiper et limiter les pertes ?
Pour ne pas subir de plein fouet ces hausses de charges, voici quelques pistes :
- Simulez vos cotisations et impôts à l’aide d’outils en ligne.
- Évaluez l’impact d’un passage à la TVA dès 2026 si votre CA approche 25 000 €.
- Augmentez vos tarifs progressivement, en prévoyant l’éventuelle collecte de TVA.
- Tenez une comptabilité rigoureuse, même si vous restez en micro.
- Envisagez un changement de statut (EI, SASU, EURL) si vous franchissez régulièrement les plafonds.
- Renseignez-vous régulièrement sur les prochaines étapes du PLF 2026.
2025 n’est pas l’année la plus favorable aux auto-entrepreneurs. Même si certaines menaces ont été repoussées (comme la baisse du seuil de TVA), d’autres mesures sont déjà en place et affectent directement votre chiffre d’affaires net.
Entre hausse des cotisations, fiscalité moins souple, abattements réduits, et gestion administrative renforcée, le statut perd une partie de son attractivité initiale.
Cela ne signifie pas qu’il faut abandonner votre activité. Mais pour continuer à en vivre correctement, une gestion rigoureuse et une adaptation rapide sont plus que jamais indispensables.
Préparez dès aujourd’hui votre activité pour 2026. Car les mesures de 2025 ne sont peut-être qu’un avant-goût de ce qui vous attend demain.