Auto-entrepreneurs  les 5 réformes clés qui changent tout en 2025

Auto-entrepreneurs : les 5 réformes clés qui changent tout en 2025

Publié le 27/06/2025 13:00 | Mis à jour le 30/06/2025 16:00 | 7 min de lecture

L’année 2025 s’annonce comme un véritable tournant pour les auto-entrepreneurs. Que vous soyez freelance, artisan, commerçant ou prestataire de services, vous serez concerné par une série de mesures qui viennent modifier le cadre légal, fiscal et administratif de votre activité. Certaines sont déjà en vigueur, d’autres entreront progressivement en application dans les mois à venir. Dans tous les cas, elles exigent une bonne anticipation pour continuer à gérer votre micro-entreprise en toute conformité.

Nouveaux seuils de TVA, évolution des cotisations sociales, déploiement de la facturation électronique, assouplissements dans certains secteurs, mais aussi durcissement des règles pour d’autres : les changements sont nombreux et parfois techniques. On vous explique tous ce qu’il faut savoir à ce propos

Nouveaux seuils de TVA : des ajustements à anticiper

À compter du 1er janvier 2025, les seuils de franchise de TVA vont évoluer. Pour les activités de vente de biens, restauration sur place ou fourniture de logements, le seuil de franchise est abaissé à 85 000 € (contre 91 900 € actuellement). Pour les prestations de services et locations meublées, le seuil est légèrement relevé à 37 500 € (au lieu de 36 800 €).

Les seuils dits "majorés", qui permettent de bénéficier temporairement de la franchise en cas de dépassement modéré, sont eux aussi modifiés :

  • 93 500 € pour les activités commerciales et de logement (contre 101 000 € auparavant)
  • 41 250 € pour les prestations de services (contre 39 100 €)

Autre changement important : les seuils deviennent fixes et ne seront plus révisés tous les trois ans.

Enfin, la franchise en base de TVA s’ouvre à l’échelle européenne : une entreprise française pourra en bénéficier dans d’autres États membres, à condition de ne pas dépasser un chiffre d’affaires global de 100 000 € dans l’Union européenne.

En cas de dépassement des seuils en 2025, la franchise en base de TVA est maintenue pour l’année en cours, mais l’entrepreneur deviendra redevable de la TVA dès l’année suivante.

Services à la personne : un assouplissement bienvenu

Bonne nouvelle pour les entrepreneurs du secteur des services à la personne : l’obligation d’activité exclusive disparaît à partir du 1er janvier 2025. Vous pourrez cumuler cette activité avec une autre, tout en conservant les avantages liés au statut.

Cela signifie que vous pourrez toujours appliquer un taux de TVA réduit à 10 % et permettre à vos clients de bénéficier du crédit d’impôt pour l’emploi à domicile, à condition de respecter certains critères :

  • Les activités secondaires ne doivent pas dépasser 30 % du chiffre d’affaires total de l’année précédente
  • Une comptabilité distincte doit être tenue
  • Les chiffres d’affaires doivent être déclarés sur la plateforme Nova

Le non-respect de ces obligations peut entraîner la suppression de votre enregistrement et la perte des avantages fiscaux associés.

Facturation électronique : une transition progressive à anticiper

Dès 2026, les auto-entrepreneurs entreront progressivement dans l’ère de la facturation électronique, également appelée e-invoicing. Cela implique que toutes les factures devront être émises et transmises de manière numérique.

Non, la facturation électronique ne sera pas obligatoire en BtoC. Les ventes à des particuliers (clients non assujettis à la TVA) ne sont pas concernées par l’obligation d’émettre des factures électroniques au format structuré.

Cependant, les entreprises qui émettent à la fois des factures BtoB et BtoC devront être capables de distinguer les flux et n’émettront en e-facturation que les factures BtoB.

Elles devront tout de même transmettre certaines données de transaction à l'administration fiscale, via le mécanisme dit de "e-reporting", applicable aussi aux ventes BtoC.

Le déploiement s’effectuera selon le calendrier suivant :

  • 1er septembre 2026 : obligation d’émettre des factures électroniques pour les grandes entreprises et ETI
  • 1er septembre 2026 : obligation de réception pour toutes les entreprises, y compris les micro-entrepreneurs
  • 1er septembre 2027 : obligation d’émission pour les PME et les micro-entrepreneurs

Résumé comparatif

Type de transactionFacture électronique obligatoire ?Transmission à l'État (e-reporting) ?
BtoB national✅ Oui✅ Oui
BtoC national❌ Non✅ Oui (obligation d’e-reporting)
International (export, intra-UE)❌ Non✅ Oui (en e-reporting)

E-reporting : une nouvelle obligation complémentaire

L’e-invoicing s’accompagne de l’e-reporting, un dispositif qui vise à transmettre certaines données de transaction à l’administration fiscale, notamment le montant et la TVA.

Ce système suit le même calendrier que la facturation électronique. Il concernera d’abord les grandes structures en 2026, puis s’appliquera aux plus petites entreprises, dont les auto-entrepreneurs, à partir de 2027.

Hausse des cotisations sociales : vers une meilleure retraite

Depuis le 1er juillet 2024, les cotisations sociales des professions libérales en micro-entreprise ont été revues à la hausse afin de financer une retraite complémentaire obligatoire.

Pour les affiliés à la CIPAV, le taux global passe de 21,2 % à 23,2 %. Pour ceux relevant du régime général, il augmente de 23,1 % à 24,6 %, avec une nouvelle hausse prévue à 26,1 % en 2026.

Dans le détail :

  • CIPAV : hausse de l’assurance maladie maternité à 9,3 %, augmentation de la cotisation vieillesse complémentaire à 25,6 %, et baisse de la cotisation invalidité-décès à 1,4 %.
  • Régime général : assurance maladie maternité à 3,6 %, et nouveau taux de retraite complémentaire fixé à 7,85 %.

Les bénéficiaires de l’ACRE voient également leurs taux augmenter progressivement. Cette évolution vise à garantir une meilleure couverture retraite à long terme pour les indépendants.

Cumul emploi-retraite : une mesure favorable aux retraités actifs

À partir de 2025, les retraités exerçant une activité artisanale ou commerciale sous le régime du cumul emploi-retraite intégral bénéficieront de nouveaux droits à la retraite complémentaire. Jusqu’à présent, seuls des droits à la retraite de base étaient ouverts.

Concrètement, les auto-entrepreneurs retraités pourront désormais cumuler des points de retraite complémentaire. Lorsqu’ils cesseront leur activité, ils pourront percevoir une seconde pension intégrant à la fois la retraite de base et complémentaire.

Loi Airbnb : des règles plus strictes pour la location touristique

Depuis le 1er janvier 2025, la réglementation sur les meublés de tourisme devient plus rigoureuse. Les abattements fiscaux sont revus à la baisse :

  • Pour les meublés non classés, l’abattement fiscal passe de 50 % à 30 %, avec un plafond abaissé à 15 000 € de chiffre d’affaires.
  • Pour les meublés classés et chambres d’hôtes, l’abattement tombe à 50 % (contre 71 %), avec un plafond de 77 700 €.

Les communes disposent désormais de plus de pouvoir pour encadrer ces locations. Elles peuvent exiger une déclaration obligatoire en mairie, infliger des amendes pouvant aller jusqu’à 20 000 € en cas de manquement, limiter la durée de location à 90 jours pour les résidences principales et instaurer des quotas.

Par ailleurs, un diagnostic de performance énergétique (DPE) devient obligatoire pour toute location meublée touristique dans une zone tendue. Le logement devra afficher une note minimale de F dès 2025, qui passera à E en 2028, puis à D en 2034.

Ces nouvelles règles visent à limiter les effets du tourisme de courte durée sur le marché locatif résidentiel.

Ce qui reste inchangé en 2025

Certains éléments fondamentaux du régime de la micro-entreprise ne changent pas en 2025.

Les plafonds de chiffre d’affaires, revalorisés en 2023, restent les mêmes jusqu’à fin 2025 :

  • 188 700 € pour les activités d’achat-revente, restauration sur place et hébergement
  • 77 700 € pour les prestations de services et professions libérales

De même, les taux de cotisations sociales pour les activités commerciales et artisanales restent stables :

  • 12,3 % pour les ventes de marchandises
  • 21,2 % pour les prestations de services artisanales et commerciales

L’année 2025 marque une étape importante pour les micro-entrepreneurs. Entre les réformes fiscales, les évolutions sociales, l’arrivée progressive de la facturation électronique et les restrictions sur la location touristique, il devient essentiel de suivre ces changements de près pour adapter votre activité et en tirer le meilleur.