A quoi ressemblera le travail de demain ?  L’analyse de Sylvaine Pascual

Publié le 03/03/2017 14:59 | Mis à jour le 18/07/2022 18:45

Pour la deuxième année consécutive, nous sommes partenaires de la Journée de la Femme Digitale (#JFD17). Cet événement incontournable de l’entrepreneuriat au féminin créé par Delphine Remy-Boutang aura lieu le 9 mars prochain. A cette occasion, pendant tout le mois de mars nous allons vous présenter plusieurs portraits de femmes dirigeantes. Nous partagerons leurs parcours, leurs conseils et leur expérience de l’entrepreneuriat.  Commençons avec Sylvaine Pascual, influenceur et blogueur de renom qui a lancé Ithaque Coaching, spécialisé dans l’accompagnement en reconversion professionnelle.

Bonjour Sylvaine ! Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?

J’ai exercé en tant que professeur de prépa pendant plusieurs années. Je voulais depuis un moment changer de voie, mais je trouvais toujours de bonnes raisons pour ne pas le faire. J’ai eu un accident en 2003 qui m’a empêché de travailler pendant deux ans. C’est là que la remise en question a été décisive : je n’avais plus d’excuses et j’avais tout le temps pour trouver un nouveau métier ! Je me rappelais des étudiants terrifiés à l’idée de prendre la parole à l’oral au moment des examens. Je me suis donc renseignée sur le coaching pour accompagner les personnes à prendre confiance en eux, à trouver leur propre voie. J’ai suivi la formation Franco-Québecoise Coach académie et j’ai ensuite travaillé pendant deux ans dans une société de formation. En 2008, j’étais fin prête pour créer ma propre entreprise, Ithaque Coaching.

Comment accompagnez-vous vos clients ?

Ma spécialité est la reconversion professionnelle et le bien-être au travail. J’offre une prestation globale en coaching, mentoring et accompagnement d’idées à mes clients, qui sont principalement des particuliers. 85% de mes clients viennent sans savoir quoi faire de leur vie. Ils savent juste que leur métier ne leur plaît plus, mais sans avoir forcément de projet en tête. Mon rôle est de faire émerger des pistes par rapport à leurs appétences et leurs compétences. Il est également important de déterminer ce à quoi ils ont envie de contribuer, pour trouver du sens dans leur carrière. L’accompagnement se fait généralement sur 6 à 9 mois, avec environ 20 séances pour déterminer leurs besoins et constituer un projet.

Est-ce que le digital est important dans votre activité ?

Oui, je rédige beaucoup d’articles pour mon site. J’ai gagné en clientèle surtout grâce à des réseaux sociaux comme Twitter, qui m’a permis de me faire assez rapidement un réseau, car il existe peu d’experts en bien-être ! Après, un conseil que je donnerai à n’importe quel indépendant pour assurer sa visibilité en ligne est d’être authentique. Ce que je partage sur les réseaux sociaux, c’est ce que je suis, je n’utilise pas de discours marketing ou biaisé. Je suis parfois d’ailleurs en décalage avec ce qui se dit ailleurs, ce qui fait ma différence (certains cabinets de coaching commenceront tout de suite par vous faire un bilan de compétence par exemple, mais pour moi ce n’est pas nécessaire).

Les métiers de coaching se développent surtout depuis quelques années. Grâce à un changement de mentalité ? On cherche à avoir une carrière qui a du sens ?

Les gens sont plus ouverts au coaching car on en parle aussi plus : il faut que les personnes aient un bon état d’esprit et des convictions pour que l’accompagnement puisse marcher. La population de ma clientèle s’est rajeunie au fil des années, mais ce n’est pas forcément car la génération Y veut à tout prix changer la donne. Ce besoin de trouver un travail qui a du sens n’est pas nouveau, c’est juste qu’on en parlait pas auparavant ou dans des termes très négatifs. Bien sûr la génération Y a peut-être plus d’intolérance à la frustration et vous vous engluez moins dans une situation qui ne vous convient pas. Mais la génération X a été également innovante et a cassé les codes dans un sens : je rappelle que ce n’est pas la génération Y qui a inventé internet J Mais il faut faire attention car cet engouement pour la reconversion professionnelle peut être excessive : tout changement n’est pas facile et nécessite une grande phase de réflexion et d’expérimentation. On ne va peut-être pas trouver sa voie tout de suite, donc il faut s’armer de patience, surtout au début. Mais cette aventure reste passionnante !

Selon vous, quelle est la position des freelances dans la société actuelle ?

Le statut de freelance attire beaucoup de personnes en quête d’indépendance. Cela peut être un atout mais beaucoup de gens aujourd’hui sont dans l’illusion de la facilité. Freelance ou pas freelance, la seule question est de savoir bien vendre ses produits, et c’est plus difficile qu’il n’y paraît. Ensuite, bien sûr il est intéressant de devenir freelance, mais il faut aimer travailler seul, comme moi. Je suis totalement aux commandes, je fais et c’est ça qui me plaît et ne pourrait plus revenir dans le salariat ! Je n’ai pas eu besoin d’aide mais il peut être intéressant pour certains freelances qui se lancent de s’entourer grâce aux réseaux de freelances en développement.

Que pensez-vous des conditions de travail actuelles en France ?

Elles se sont dégradées ses vingt dernières années et on assiste à une explosion des burn-out effrayante. Il faut faire toujours plus avec toujours moins, ce qui provoque un réel stress et un mal-être chez beaucoup de salariés. Les entreprises en ont conscience mais font des petits changements pour améliorer le bien-être, comme par exemple des petits déjeuners, la mise en place du télétravail, des horaires plus flexibles… Mais le raisonnement à la Google ne suffit pas, ce n’est pas en mettant un babyfoot que l’on améliore les conditions de travail (surtout que bien souvent il ne faut pas y être vu…). C’est bien mais cela ne doit pas les dédouaner pour autant d’une vraie réflexion managériale. Bien souvent les responsables ne sont pas formés au management, ne sont pas assez à l’écoute des besoins de leur équipe. D’ailleurs selon une récente étude Cadreo, un manager sur trois souhaiterait ne plus manager s’il le pouvait. Les managers doivent pouvoir répartir les tâches des employés selon leurs compétences et appétences afin qu’ils puissent exercer leur travail dans des conditions qui génèrent du bien-être. Nous devons avoir des activités qui nous apportent du plaisir et de la motivation en accord avec notre personnalité.

Selon vous, à quoi ressemblera l’avenir du travail ?

Les conditions de travail seront de plus en plus flexibles et collaboratives. Les entreprises seront aussi plus compréhensives et participeront au « recyclage » de salariés démotivés, en leur finançant par exemple des formations de reconversion professionnelle. Parfois accompagner la sortie d’un salarié mécontent est plus avantageux que chercher à le garder à tout prix. L’uberisation des secteurs ne va durer qu’un temps, car l’on voit avec ses modèles que cela apporte aussi une certaine forme de précarisation. Pour ce qui est de l’entrepreneuriat, on en parle de plus en plus et il ne faut pas écouter le french bashing qui dit qu’il faut s’exporter pour entreprendre : il fait bon d’entreprendre en France ! Mais l’entrepreneuriat ou le travail indépendant ne convient pas à tout le monde non plus. Cette tendance à être tous indépendants va engranger aussi des frustrations pour les personnes qui ne se retrouvent pas dans ce mode de travail très solitaire, et pouvant générer d’autres formes de burn out. On ne deviendra pas tous entrepreneurs et c’est tant mieux, il faut de tout pour faire un monde. Dans tous les cas, le travail en France sera à long terme plus personnalisé, pour répondre enfin aux envies et besoins de chacun !  

Merci beaucoup Sylvaine pour cette réflexion honnête et pleine d’espoir !

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