Auto-entrepreneur  Ce métier fait exploser votre chiffre d’affaires… et votre seuil de TVA dès le 2ᵉ mois

Auto-entrepreneur : Ce métier fait exploser votre chiffre d’affaires… et votre seuil de TVA dès le 2ᵉ mois

Publié le 12/07/2025 13:00 | Mis à jour le 11/09/2025 15:06 | 6 min de lecture

En 2025, un auto-entrepreneur spécialisé en cybersécurité exerce une activité de prestation de services relevant du régime des activités libérales. À ce titre, il est soumis à un seuil de franchise de TVA bien inférieur à celui des commerçants. Contrairement à certaines confusions fréquentes, le seuil de 93 500 € ne concerne que la vente de marchandises. Pour les prestations de services comme la cybersécurité, le seuil normal est fixé à 37 500 €, tandis que le seuil majoré atteint 41 250 €.

Tant que l’activité reste sous les 37 500 € de chiffre d’affaires annuel, l’auto-entrepreneur reste en franchise en base de TVA : il ne facture pas la TVA à ses clients, ne la collecte pas, et n’a aucune déclaration spécifique à faire. C’est une simplification administrative qui rend ce régime attractif au démarrage de l’activité.

Un chiffre d'affaires qui explose en 2 mois

Mais dans un secteur comme la cybersécurité, le chiffre d’affaires peut décoller très rapidement, notamment en raison du TJM moyen compris entre 600 € et 1 200 € HT par jour. À ce tarif, le seuil de 41 250 € peut être dépassé en seulement 1 à 2 mois d’activité, même sans travailler à temps plein. C’est particulièrement vrai pour les freelances expérimentés ou spécialisés dans des domaines comme les audits de sécurité, la réponse à incident ou la mise en conformité RGPD.

Un professionnel qui facture en moyenne 1 000 € par jour atteint ce seuil en à peine 6 semaines de mission, ce qui implique une bascule immédiate vers un régime de TVA plus contraignant.

Les conséquences d’un dépassement du seuil majoré

Le dépassement du seuil de 41 250 € entraîne la perte de la franchise en base de TVA. Cela signifie que l’auto-entrepreneur doit :

  • Facturer la TVA à ses clients à partir du mois de dépassement ;
  • Déclarer la TVA collectée chaque trimestre ou chaque mois, selon le régime choisi ;
  • Reverser la TVA à l’administration fiscale dans les délais impartis ;
  • Obtenir un numéro de TVA intracommunautaire, à inscrire sur ses factures ;
  • Mettre à jour toutes ses factures, en retirant la mention « TVA non applicable, article 293 B du CGI ».

À noter : ce basculement est automatique, sans délai de grâce. Même une activité en croissance rapide ou un contrat exceptionnel peuvent suffire à déclencher le changement de régime.

Et si le chiffre d’affaires dépasse le seuil normal, mais reste sous le seuil majoré ?

Si l’auto-entrepreneur dépasse 37 500 € sans franchir 41 250 €, une tolérance existe. Il conserve la franchise de TVA à condition que le dépassement reste ponctuel. Cependant, si le seuil normal est franchi deux années consécutives, alors la franchise est définitivement perdue à compter du 1er janvier de l’année suivante, même si le seuil majoré n’est pas dépassé.

Cette règle impose donc une vigilance accrue dès les premiers mois d’activité, surtout dans des métiers à fort TJM comme la cybersécurité, où l’on peut engranger plusieurs dizaines de milliers d’euros rapidement.

La RC Pro ne couvre pas les risques fiscaux… mais elle reste indispensable

Même si la responsabilité civile professionnelle (RC Pro) ne couvre pas les risques fiscaux, comme les pénalités liées au non-respect des obligations de TVA, elle reste essentielle pour sécuriser votre activité. En cas de faute, d’erreur de conseil ou de négligence entraînant un préjudice pour un client, la RC Pro peut prendre en charge les frais juridiques et les dommages-intérêts.

Elle agit comme un bouclier de sécurité indispensable dans un métier aussi sensible que la cybersécurité, où les enjeux de confidentialité et de conformité sont majeurs. Par ailleurs, si une mauvaise gestion de la facturation de la TVA entraîne un litige avec un client, la RC Pro peut couvrir la défense juridique, même si elle ne règle jamais les dettes fiscales.

Le dépassement du seuil ne vous oblige pas à passer en société… mais cela devient vite utile

Contrairement à une idée reçue, le dépassement du seuil de TVA ne vous oblige pas à changer de statut juridique. Vous pouvez continuer à exercer en auto-entreprise tant que votre chiffre d’affaires reste sous le plafond de 77 700 € pour les prestations de services. Le passage à la TVA n’a pas d’incidence directe sur votre statut d’auto-entrepreneur.

Cependant, dans les faits, ce dépassement régulier — souvent inévitable avec un TJM élevé — rend le passage en société pertinent. Basculer en EURL ou SASU permet d’optimiser la fiscalité, de récupérer la TVA sur les achats professionnels, et de mieux piloter ses charges sociales.

Pourquoi passer en société devient avantageux avec un TJM élevé

Dans une société, les cotisations sociales sont calculées sur la rémunération nette et non sur le chiffre d’affaires. De plus, vous pouvez :

  • Déduire toutes vos charges (matériel, logiciels, frais de déplacement, etc.)
  • Amortir vos investissements
  • Récupérer la TVA sur vos dépenses
  • Adapter votre rémunération à votre stratégie fiscale

Ainsi, un freelance en cybersécurité facturant 800 € ou 1 000 € par jour bénéficie pleinement de ces mécanismes dès lors que son activité devient stable et qu’il dépasse durablement les seuils de la micro-entreprise.

Adapter ses assurances après un changement de statut

Si vous passez en société, il est impératif d’ajuster vos assurances professionnelles :

  • Prévenez votre assureur du changement de structure
  • Mettez à jour votre RC Pro pour l’adapter à la nouvelle forme juridique, à l’évolution de votre chiffre d’affaires et à votre niveau d’activité
  • Si vous embauchez, pensez à l’assurance responsabilité employeur et à la mutuelle collective
  • N’oubliez pas les assurances spécifiques à la cybersécurité : protection juridique, cyber-risques, multirisque informatique

En cas d’omission, l’assureur peut refuser l’indemnisation ou résilier le contrat pour aggravation du risque non déclaré.

Le métier de freelance en cybersécurité propulse très rapidement le chiffre d’affaires, grâce à un TJM élevé, souvent entre 600 et 1 200 € HT. Cette rentabilité rapide, bien que très positive, entraîne une sortie accélérée du régime de franchise de TVA, parfois dès les 2 premiers mois.

Pour rester conforme, il est important d’anticiper cette étape, de s’entourer d’un expert-comptable, et d’envisager un changement de statut juridique. Ce passage vers une structure en société offre plus de souplesse fiscale, une meilleure gestion des charges, et une récupération de TVA sur vos dépenses.

Enfin, ne négligez jamais l’aspect assurantiel : la RC Pro et les assurances complémentaires restent votre filet de sécurité face aux imprévus techniques, juridiques ou opérationnels. Dans un métier où l’on facture cher, la protection doit être à la hauteur des enjeux.