ARTAGON : Le concours artistique par des jeunes pour les jeunes

Publié le 19/04/2016 16:33 | Mis à jour le 31/07/2019 11:50

Du 1er au 10 avril, ARTAGON organisait un événement artistique réunissant de jeunes talents issus d’écoles françaises, monégasques, suisses et belges. Une grande exposition s’est tenue dans le quartier du Marais, lors de laquelle les artistes pouvaient présenter leur création et rencontrer les visiteurs. Nous avons rencontré les jeunes fondateurs d’Artagon, Anna et Keimis. Ils nous livrent leurs impressions sur ce moment d’échange artistique ainsi qu’un éclairage précieux sur le secteur de l’art. Artagon

Keimis Henni (président d'ARTAGŌN), Pierre Pauze, Tanguy Roussel, Chantal Crousel (présidente du jury), Emile Mold et Anna Labouze (vice-présidente d'ARTAGŌN) après la remise des coupes ARTAGŌN[/caption]

Pouvez-vous nous expliquer le concept Artagon en quelques mots ?

Artagon est une association, créée il y a un peu plus d’un an, dans le but de promouvoir les jeunes artistes. Nous nous sommes posés une question très simple : Comment apporter une initiative forte et innovante aux écoles d’art ? Un jury composé de 25 personnes se déplace dans les écoles d’art et sélectionne les trois meilleurs étudiants de chaque école. Pour la 2ème édition, nous avions rencontrés 9 écoles françaises et une monégasque. Cette année, le concours s’internationalise :nous avons le plaisir de collaborer avec 3 écoles suisses et 3 écoles belges. Tous les élèves sélectionnés ont alors la chance de présenter leurs œuvres au cours d’une exposition de 10 jours à Paris (1er au 10 avril). L’entrée est gratuite et ouverte au public.

Vous êtes deux à avoir fondé cette association, comment s’est déroulée votre rencontre ? Comment vos rôles sont-ils répartis ?

Avec Keimis nous sommes avant tout amis. C’est de cette amitié qu’est né le projet. Il étudie l’histoire de l’art et le droit. De mon côté, je suis diplômée HEC avec une spécialisation commerce et sciences de l’éducation. Au départ, ce sont logiquement nos compétences qui ont déterminé notre rôle au sein de l’association. Keimis s’occupait donc plutôt de l’aspect artistique et juridique et moi du côté financier et des partenariats. Désormais, nous sommes 5 en tout : Julie pour la communication et les partenariats, Ségolène pour l’événementiel et Marine pour la partie logistique / production.  

L’Edition 2016 de la compétition a lieu en ce moment même, quelles sont vos impressions ?

 Nous sommes vraiment ravis ! Cette année nous avons opté pour le célèbre Passage de Retz dans le Marais. Cela nous offre une très bonne visibilité et un nombre de visiteurs toujours plus important. Pour vous donner un ordre d’idée, nous comptons à peu près 100 visiteurs par jour. Ce qui nous satisfait le plus, ce sont de voir que les personnes présentes échangent et communiquent dans une ambiance conviviale. Nous avons d’ailleurs de très bons retours de leur part.

Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à mettre les jeunes en avant ?

 Disons que nous sommes de la même génération que les artistes donc cela nous aide à comprendre leurs problématiques. Nous avions constaté que peu d’événements artistiques étaient consacrés aux jeunes. Certains, comme le salon de Montrouge ont un ciblage par année d’expérience, cela peut donc concerner les jeunes comme les moins jeunes. D’une part, l’événement leur permet d’avoir un premier échange avec le public et de bénéficier d’un regard averti sur leurs œuvres. D’autre part, l’insertion professionnelle à la sortie d’une école d’art demeure difficile. Ces jeunes ont besoin d’un coup de pouce pour commencer dans les meilleures dispositions.  

Au vue du contexte difficile que nous traversons, quel rôle l’art peut-il jouer ?

 L’art a bien entendu un rôle à jouer : il permet de partager sa vision du monde et amène à réfléchir, à repenser. D’ailleurs une partie de l’exposition est consacrée au rapport entre l’artiste et la société, avec des thématiques d’avenir telles que la marchandisation de l’homme, les enjeux économiques, etc. L’exposition met par exemple en avant des peintures hologrammes sur le sujet du burn-out. On interroge la société en essayant d’apporter un regard neuf.  

Le marché de l’art en ligne connait une croissance annuelle de 68%, quel regard portez-vous sur les évolutions numériques de l’art ? 

S'il est vrai que les pratiques digitales tendent à fortement croître dans l'art contemporain, accompagnant les évolutions technologiques actuelles, ce mouvement reste timide quant à la très jeune création. Ce que nous avons observé au sein des différentes écoles d'art, c'est davantage un retour à l'ordre qu'une recherche de parallélisme avec les évolutions technologiques. La vidéo est toujours très présente, mais il s'agit là des principales œuvres immatérielles et susceptibles d'être diffusées plus largement, car nécessitant une logistique moindre. L'art digital en tant que tel, créé et/ou diffusé par internet, les réseaux et les nouveaux médias se raréfient en effet. Les jeunes artistes semblent avoir une préférence pour des médias plus traditionnels : peinture, sculpture, installation, porcelaine et céramique, photographie... Y sont néanmoins intégrées des thématiques et des réflexions liées à l'univers numérique et digital, ainsi que des corps technologiques, comme les objets connectés. En somme, le digital relève désormais plus du fond que de la forme, comme si les artistes étaient actuellement dans une réaction face à l'immatériel, l'évanescent et l'évolutif, en privilégiant des œuvres sensibles et corporelles.  

Les réseaux sociaux peuvent –ils donner une impulsion aux jeunes artistes ?

Au niveau de la communication et de la diffusion des œuvres, l’utilisation des réseaux sociaux parait essentiel. Les artistes peuvent y trouver un moyen d’échanger et de faire valoir leur création grâce notamment à l’apparition de médias sociaux adaptés comme Instagram. Les réseaux sociaux leur permettent d’avoir des retours, de faire de nouvelles rencontres, et d’engager la conversation avec le public.  

Enfin, quels conseils donneriez-vous aux jeunes talents qui souhaitent faire connaître leurs œuvres ?

La prise d’initiative nous parait importante. Aller à la rencontre de l’autre, ne pas avoir peur de se rendre dans les lieux de vie et d’échange. Faire valoir son travail, rencontrer d’autres personnes. La rencontre est primordiale dans la mesure où elle est bénéfique à tous et créatrice de synergie et d’opportunités.  

artagon

Estrid Lutz & Emile Mold
ENSBA Paris
Dead Screens, Southern Comfort, 2016
Réseau lenticulaire, carton nid d’abeille, impression jet d’encre pigmentaire, résine epoxy, fibre de verre et pigments, 120 x 180 x 18 cm
Photo. Marie Genin - © Estrid Lutz & Emile Mold, ENSBA Paris & ARTAGŌNartagon

Captures d’écran :
Pierre Pauze
ENSBA Paris
3D Trans (video still), 2016
Installation vidéo HD, multi-écrans et néon, Dimensions variables
Vue de l’exposition « ARTAGŌN.II », Paris, 2016
© Pierre Pauze, ENSBA Paris & ARTAGŌN

artagon

Pierre Pauze
ENSBA Paris
3D Trans, 2016
Installation vidéo HD, multi-écrans et néon, Dimensions variables
Photo. Marie Genin - © Pierre Pauze, ENSBA Paris & ARTAGŌN