Les entreprises françaises sont-elles vraiment les plus imposées du monde ?
Le taux nominal de l’impôt sur les sociétés (IS) en France s’élève à 25,83 % en 2024-2025. Ce chiffre la positionne au-dessus de la moyenne mondiale (23,51 %) et de la moyenne européenne (21 %), mais en deçà de nombreux grands pays industrialisés.
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Voici un tableau comparatif des taux nominaux d'IS :
| Pays | >Taux d'IS nominal | Commentaire |
|---|---|---|
| France | 25,83 % | Supérieur à la moyenne, mais pas le plus élevé |
| Allemagne | ≈30 % | Inclut surtaxes locales (IS + impôt de solidarité) |
| Japon | >30 % | Très structuré, avec de nombreuses surtaxes locales |
| États-Unis | ≈27 % effectif | 21 % fédéral + surtaxes locales selon l’État |
| Irlande | 12,5 % | Taux très attractif pour les multinationales |
| Pologne | 19 % | Taux bas pour stimuler les investissements |
| Suisse | 19,7 % | Variable selon les cantons |
Ainsi, la France n’est pas le pays où les entreprises sont le plus taxées si l’on se limite au seul impôt sur les sociétés. Elle se situe dans la moyenne haute, mais loin du sommet mondial.
La pression fiscale globale est-elle plus forte en France que dans les autres pays ?
Oui, et c’est sur ce point que la France se distingue nettement.
Selon les données OCDE pour 2023, le poids des prélèvements obligatoires atteint 45,6 % du PIB, ce qui place la France en tête mondiale, devant la Belgique, le Danemark ou encore l’Autriche. Ce ratio inclut l’ensemble des impôts (ménages et entreprises) et cotisations sociales.
| Pays | Prélèvements obligatoires (% du PIB) | Classement OCDE |
|---|---|---|
| France | 45,6 % | 1er |
| Belgique | 44,5 % | 2e |
| Danemark | 42,7 % | 3e |
| Allemagne | 39,9 % | 7e |
| OCDE (moyenne) | 34,1 % | - |
La forte pression fiscale globale s’explique par un modèle social redistributif dense, financé en grande partie par les prélèvements sur le travail (cotisations sociales) et la consommation (TVA).
Qui supporte réellement les prélèvements obligatoires en France : entreprises ou ménages ?
Contrairement à une idée reçue, les ménages supportent la majorité des prélèvements obligatoires.
Selon l’Insee, les cotisations sociales salariales et les impôts directs sur les revenus pèsent significativement sur les ménages. Néanmoins, les entreprises contribuent via les cotisations patronales, les impôts de production, et l’impôt sur les sociétés.
Mais il faut nuancer cette charge par les aides publiques dont bénéficient les entreprises françaises :
- Crédits d’impôt recherche (CIR).
- Exonérations de cotisations sociales.
- Subventions à l’innovation ou à l’investissement.
Ces dispositifs viennent réduire le poids net de l’imposition sur les entreprises.
Quel est le taux effectif d’imposition des grandes entreprises françaises ?
En pratique, les grandes entreprises ne paient pas 25,83 % de leurs bénéfices.
Grâce à des mécanismes d’optimisation fiscale (déductions, régimes spécifiques, crédits d’impôt…), le taux d’imposition effectif des grandes entreprises françaises tourne autour de 15 %.
À l’inverse, les PME paient en moyenne autour de 23 %, selon les données de l’Insee pour l’année 2022.
| Type d’entreprise | Taux d’IS facial | Taux effectif moyen constaté |
|---|---|---|
| Grandes entreprises | 25,83 % | ≈15 % |
| PME/TPE | 25,83 % (ou 15 % pour une part) | ≈23 % |
Ce différentiel est significatif et alimente les débats sur l’équité fiscale entre grands groupes et petites structures.
Pourquoi la France est-elle mal classée en compétitivité fiscale ?
Chaque année, la Tax Foundation publie un classement des pays de l’OCDE selon leur indice de compétitivité fiscale.
En 2025, la France arrive dernière (38e sur 38), pénalisée par :
- La complexité de son système fiscal.
- Les impôts de production, encore peu présents ailleurs.
- Une fiscalité jugée peu neutre (forte différenciation selon la nature des revenus).
Ce classement souligne que le niveau du taux n’est pas le seul critère : la lisibilité, la stabilité, et la neutralité du système comptent tout autant.
Quel équilibre entre fiscalité et services publics en France ?
Le système fiscal français permet de financer :
- L’assurance maladie universelle.
- Un système scolaire public étendu.
- Des infrastructures de transport modernes.
- Un filet de sécurité sociale complet.
Ce modèle socialisé et mutualisé implique un coût fiscal plus élevé, mais garantit en contrepartie des services publics de haut niveau, ce qui peut également représenter une valeur ajoutée pour les entreprises (infrastructures, santé des salariés, etc.).
Foire aux questions (FAQ)
Pourquoi dit-on que la France est le pays le plus fiscalisé au monde ?
Parce que le taux global de prélèvements obligatoires rapporté au PIB est le plus élevé selon les statistiques internationales.
Les entreprises françaises paient-elles plus d’impôts que les allemandes ?
Non, le taux facial en Allemagne est plus élevé que celui en France. Mais le coût global des impôts de production en France peut désavantager certaines industries.
La fiscalité française est-elle un frein à l'investissement ?
Selon plusieurs études (OCDE, Tax Foundation), la complexité et la rigidité du système fiscal peuvent freiner l’attractivité. Cependant, les aides ciblées (CIR, innovation) contribuent à compenser ce frein dans certains secteurs.
Quelles entreprises bénéficient d’avantages fiscaux ?
Principalement les grandes entreprises internationales capables d’optimiser leur fiscalité grâce à des montages juridiques, ou les entreprises innovantes éligibles à des crédits d’impôt.
Le taux réduit à 15 % est-il accessible à toutes les PME ?
Non. Ce taux concerne les premiers 42 500 euros de bénéfice, sous conditions (CA < 10 M€, capital détenu à 75 % par des personnes physiques notamment).