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Étudiants sans alternance : pourquoi ils choisissent de créer leur propre entreprise

Publié le 16/09/2025 11:00 | Mis à jour le 16/09/2025 11:00 | 5 min de lecture

Face à la difficulté croissante de décrocher un contrat d’alternance, certains étudiants optent pour une solution originale : créer leur propre entreprise. Ce choix peut sembler audacieux, mais il répond à une double ambition : contourner les blocages du marché tout en développant une expérience professionnelle concrète et valorisante. Cette approche reflète un changement de posture : ne plus attendre qu'une entreprise ouvre ses portes, mais en ouvrir une soi-même. Elle permet aussi aux étudiants de valoriser un projet personnel tout en restant dans une dynamique de formation diplômante. 

Pourquoi des étudiants font le pari de l’entrepreneuriat ?

Créer une entreprise pendant ses études n’est plus un phénomène marginal. C’est même une tendance en hausse dans les universités et écoles. Plusieurs motivations expliquent ce choix :

  • Se créer une expérience professionnelle sans dépendre d’un employeur extérieur.
  • Développer des compétences directement mobilisables sur le marché du travail (gestion, communication, prospection, etc.).
  • Faire la différence auprès des recruteurs grâce à une initiative personnelle.
  • Contourner les difficultés d'accès à l’alternance traditionnelle, notamment dans les secteurs très concurrentiels.
  • Tester un projet ou une idée de business, parfois dans le numérique ou le service à la personne.

Créer son entreprise pour faire une alternance : comment ça fonctionne ?

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, il est tout à fait légal d’être à la fois chef d’entreprise et salarié de sa propre structure dans le cadre d’un contrat d’alternance. Toutefois, quelques conditions doivent être respectées.

1. Choisir la bonne structure juridique

La plupart des étudiants choisissent le statut de micro-entrepreneur pour sa simplicité. Mais selon le projet, il est possible d’opter pour une SASU ou une EURL, notamment si l’activité prend de l’ampleur ou nécessite des investissements.

2. Se salarier dans son entreprise

L’étudiant peut se signer un contrat d’apprentissage ou de professionnalisation avec sa propre entreprise. Ce contrat est valable s’il respecte le droit du travail, notamment en matière de durée, de rémunération et d’alternance entre cours et missions pratiques.

3. Désigner un maître d’apprentissage

C’est un point clé. Même si l’étudiant est à la tête de sa structure, il doit bénéficier d’un accompagnement pédagogique, comme tout alternant. Un tuteur externe (associé, mentor, expert indépendant) peut assumer ce rôle.

Quels sont les risques et les obligations à anticiper ?

Lancer son entreprise tout en suivant un cursus en alternance exige une organisation solide. Voici les principaux points de vigilance.

 Les risques administratifs

  • Obligations fiscales et sociales : déclarations de revenus, paiement des cotisations, respect des plafonds.
  • Conformité du contrat d’alternance : rémunération minimale, heures de travail, respect du droit du travail.
  • Assurances obligatoires : une RC Pro est vivement conseillée, voire exigée selon l’activité.
  • Gestion des charges administratives : attention à ne pas cumuler retards ou erreurs qui pourraient impacter l'activité.

 Les risques pédagogiques

  • Équilibre entre cours et activité professionnelle : la charge de travail peut être lourde, voire trop importante si mal anticipée.
  • Cohérence du projet avec la formation : l’entreprise créée doit être en lien avec le diplôme visé, sans quoi l’école ou le CFA peut refuser le contrat.
  • Suivi pédagogique : un tuteur absent ou incompétent peut nuire à la qualité de l’apprentissage.

Quelles aides existent pour les étudiants entrepreneurs en alternance ?

Heureusement, ce type de démarche bénéficie d’un écosystème d’aides bien développé, à la fois côté création d’entreprise et côté alternance.

 Aides à la création d’entreprise

  • Dispositif NACRE : accompagnement à la création + possibilité de prêt à taux zéro.
  • Subventions régionales ou universitaires, notamment via des incubateurs ou concours étudiants.
  • Exonérations sociales pour micro-entrepreneurs en activité réduite.

 Aides liées à l’alternance

  • Aide unique à l’embauche pour les contrats en apprentissage (même en auto-emploi).
  • Exonérations de charges sociales, selon la taille de la structure et le type de contrat.
  • Rémunération minorée pour les alternants, permettant de limiter les coûts salariaux.

 Autres soutiens utiles

  • Accompagnement par les CFA et les écoles (coaching, ateliers, réseau d’entreprises).
  • Concours d’entrepreneuriat étudiant avec dotations financières.
  • Sites utiles : La Bonne Alternance, 1jeune1solution, Pôle emploi, réseaux d'incubation locaux.

Créer sa boîte ou trouver une entreprise : deux voies complémentaires

Créer sa structure n’est pas une solution par défaut. C’est un vrai choix de carrière, qui nécessite de la rigueur, un projet cohérent, et un minimum d’autonomie. Mais attention : cela ne remplace pas forcément l’expérience d’une alternance en entreprise plus classique.

Chaque option a ses avantages :

  • Grande entreprise ou PME : meilleure stabilité, encadrement plus fort.
  • Entreprise créée par l’étudiant : liberté d’action, expérience accélérée, innovation possible.

Dans tous les cas, la recherche d’une alternance doit être anticipée (au moins 4 à 6 mois avant la rentrée), avec une préparation solide : projet professionnel défini, CV et lettre de motivation soignés, réseaux activés, coaching si possible.

Une piste ambitieuse à condition d’être bien préparé

Créer sa propre entreprise pour valider une alternance n’est pas une démarche à prendre à la légère. C’est une alternative crédible, mais exigeante, qui permet de développer des compétences, tester un projet, et gagner en crédibilité auprès des recruteurs.

L’étudiant doit s'assurer :

  • D’avoir une structure légale conforme,
  • Un accompagnement pédagogique solide,
  • Et une bonne connaissance des règles du contrat d’alternance.

Avec ces ingrédients, l'entrepreneuriat étudiant peut devenir une passerelle directe vers l’emploi, ou pourquoi pas, vers la pérennisation de l’activité lancée pendant les études.