Les Français conseillent à leurs enfants d’entreprendre… mais plutôt à l’étranger !

Publié le 25/08/2015 17:22 | Mis à jour le 20/07/2022 11:49

Dans notre dernière étude Hiscox/IFOP, nous avons demandé aux Français s’ils conseilleraient à leurs enfants l’entreprenariat. Premier chiffre encourageant alors que l’Education Nationale ne parle pas beaucoup d’entrepreneuriat à l’école, près d’un français sur 2 (45%) seraient prêts à proposer à ses enfants de devenir entrepreneur en France. Autre résultat intéressant, 61% des répondants encourageraient d’entreprendre à leurs enfants plutôt à l’étranger. Pourquoi cet engouement pour l’expatriation ? L’herbe est-elle vraiment plus verte chez nos voisins ?

entreprendre à l'étranger

Les entrepreneurs français expatriés : deux fois plus en dix ans

Le nombre de français à l’étranger est estimé à entre 1,5 et 2 millions de personnes d’après le dernier baromètre CCI Ile de France. Alors que la majorité de ces expatriés ont été employé par une entreprise locale ou détaché par une entreprise française, 18% sont partis pour créer leur boite. Les entrepreneurs expatriés s’élèvent ainsi à environ 250 000, et sont deux fois plus nombreux qu’il y a 10 ans. En effet, la tendance est à l’expatriation pour les études et de plus en plus dans la vie professionnelle, car séjourner dans un autre pays rime bien souvent avec multiplication des expériences et des opportunités. Si bien que de nombreux étudiants qui partent en stage à l’étranger s’installent dans leur pays d’adoption, mais aussi des français plus âgés, qui partent pour s’offrir un nouveau départ. Ainsi la majorité des entrepreneurs expatriés ont entre 30 et 50 ans et sont installés pour la plupart en Asie-Océanie et en Europe.* Pour enrayer la fuite, le gouvernement lance :

-  de nouvelles aides pour stimuler l’entrepreneuriat et l’esprit startup avec par exemple le développement du label French Tech,

- mais également des actions envers les entrepreneurs étrangers, comme le French Tech ticket.  

Entreprendre en France vs étranger : comparaison des avantages Pourquoi les Français quittent l’hexagone pour tenter leur chance ailleurs ? Les causes sont nombreuses, mais elles relèvent pour les entrepreneurs en majorité d’une opportunité professionnelle plus intéressante. Et pour 28% des entrepreneurs expatriés, leur pays d’accueil offre un environnement plus favorable au développement de leur activité qu’en France. En réalité, les causes de départ des expatriés sont nombreuses, comme l’explique France Culture :

  • Climat économique en berne face à la crise, évolution du chômage, …
  • Exil fiscal : moins de tâches administratives et moins d’impôts
  • Pessimisme pesant des Français quant à la création
  • Meilleure valorisation des diplômes et des expériences à l’étranger

Mais parfois, le rêve de l’expatriation peut se transformer en cauchemar, surtout si on ne s’est pas préparé. Parfois les conditions de travail et la culture sont très différentes d’un pays à un autre, ce qui entraine des désillusions. En effet, dans certains pays comme le Canada ou l’Australie très prisé par les expatriés, il est facile de trouver un petit boulot ou de faire du bénévolat, mais beaucoup plus dur de trouver un poste dans son secteur. L’American Dream quant à lui existe encore mais est de plus en plus difficile à atteindre.L’attributions d’un visa de travail ou de la fameuse green card s’avère bien souvent mission impossible à moins d’être ingénieur ou chanceux (55 000 personnes « gagnent » leur visa chaque année via la Green card lottery). C’est pourquoi de nombreux expatriés rentrent en France après quelques années passées à l’étranger pour profiter de sa culture ou de ses nombreux avantages (notamment de sa couverture santé). Alors pour ou contre la création d’entreprise à l’étranger ? Une chose est sûre, l’expatriation, qu’elle soit de courte ou de longue durée, est toujours une expérience enrichissante !  

Revenir en France : le témoignage de Lara Pawlicz, fondatrice de 2spark  Après plus de 15 ans passés à l’étranger notamment aux Etats-Unis, au Canada et aux Pays-Bas, Lara a décidé de revenir en France et de devenir entrepreneure. Nous lui avons demandé pourquoi elle avait choisi la France plutôt qu’ailleurs : « Les raisons pour revenir en France n'avaient pas nécessairement trait à l'entrepreneuriat car je ne savais pas, à l'époque, à quel point la France avait progressé sur ce plan là. Ce qui m'a attiré en France:

  • Revenir près de mes proches: famille, amis et renforcer le sentiment familial - impossible à faire depuis des milliers de km, même en se voyant 1-2 fois par an.
  • Qualité de vie globale très élevée: accès facile aux soins (au Canada, nous avions eu du mal à avoir un médecin traitant - et je ne parle pas des délais pour avoir un RdV lorsqu'il ne s'agissait pas d'une urgence), éducation de qualité (avec laquelle j'arrivais à m'identifier en tant que parent) et gratuite pour mes enfants qui arrivaient à l'âge de la scolarisation, capacité à leur faire faire plein d'activités culturelles à 5 minutes de la maison, transports publics ne nécessitant pas d'avoir une voiture, capacité de partir en weekend ou en vacances en ne voyageant que quelques heures, ..
  • Culturellement: un pays qui me correspond mieux (rythme de vie, conversations, interactions, etc.)

Rétrospectivement, j'ajouterai aussi les aspects de type entrepreneurial:

  • Densité de l'offre d'aide et d'accompagnement pour les startups - offre qui se professionnalise, même s'il y a encore du chemin à parcourir
  • Quand on est en B2B: paysage business beaucoup plus ramassé géographiquement, quand on est à Paris, et qui permet de rencontrer physiquement ses interlocuteurs et de nouer des liens plus facilement - moins de voyages business (et du coup, re-qualité de vie car plus de temps passé en soirée et le matin avec la famille) »

Merci à Lara co-fondatrice de 2Spark pour son témoignage ! A découvrir plus tard dans la semaine : quels conseils pour se lancer à l’étranger ? Découvrez notre série "Les français et l'entrepreneuriat : 

* Source : http://www.ccifrance-international.org/uploads/media/Presentation_enquete_2014_-_17_decembre_2014.pdf