Erreurs non frauduleuses en micro-entreprises, que faire pour eviter les sanctions?

Erreurs non frauduleuses en micro-entreprise : que faire pour éviter les sanctions ?

Publié le 02/08/2025 11:00 | Mis à jour le 11/09/2025 15:02 | 5 min de lecture
Par:
Arnaud
Chef de projet marketing digital chez Hiscox
Arnaud

Vous avez déclaré un mauvais montant de chiffre d’affaires? Oublié une échéance? Facturé sans TVA alors que vous y étiez assujetti? Ces erreurs arrivent, y compris chez les entrepreneurs les plus rigoureux.

Mais erreur n’est pas fraude. Ce que regarde l’administration, ce n’est pas l’imperfection, c’est l’intention.

Quelles sont les erreurs considérées comme non frauduleuses?

L’administration tolère un certain nombre de maladresses dès lors qu’elles sont commises de bonne foi. Cela inclut notamment :

Les retards de déclaration (surtout s’ils sont isolés).

Les oublis ou confusions dans les montants (HT au lieu du CA encaissé, par exemple).

La mauvaise utilisation des seuils (en cas de dépassement ponctuel).

Les erreurs de facturation (TVA facturée par mégarde).

Les défauts de mention sur les documents commerciaux.

La condition? Corriger rapidement, sans attendre d’être relancé.

Comment réagir lorsqu’on identifie une erreur?

Ne pas attendre. C’est la seule stratégie valable.

Première étape: vous reconnecter à votre compte en ligne (impots.gouv.fr ou autoentrepreneur.urssaf.fr) pour déposer une déclaration rectificative. En parallèle, vous devez rédiger un message explicatif dans la messagerie sécurisée. Joignez les éventuelles pièces justificatives (factures, relevés bancaires, etc.).

Plus la réponse est claire, mieux elle est reçue. Il n’y a aucun intérêt à minimiser ou à tourner autour du pot. Une erreur bien expliquée, bien documentée, est souvent régularisée sans pénalité.

Quels sont les risques en cas d’erreur avouée et corrigée?

Si l’administration considère que vous avez agi de bonne foi, vous ne serez pas sanctionné lourdement.

Le barème est le suivant :

0 % de majoration si vous corrigez spontanément.

5 % en cas de retard modéré, corrigé après une première relance.

10 % si la déclaration corrigée fait suite à une mise en demeure.

Les intérêts de retard sont généralement limités ou annulés sur demande motivée.

L’article L.247 du Livre des procédures fiscales permet d’ailleurs d’obtenir une remise gracieuse des majorations, dans les cas où l’erreur est isolée, bien expliquée, et corrigée sans délai.

Que se passe-t-il si l’erreur est découverte lors d’un contrôle?

Même dans le cadre d’un contrôle, les inspecteurs savent faire la différence entre une fraude organisée et une erreur administrative.

Si vous collaborez activement, fournissez vos justificatifs, et reconnaissez le problème, l’administration peut alléger considérablement les pénalités. Elle peut aussi classer l’affaire sans suite, en considérant qu’aucun avantage indû n’a été tiré de l’erreur.

Mais si l’erreur est répétée, accompagnée de contradictions, ou minimisée de manière maladroite, elle peut être requalifiée comme manquement délibéré. Ce n’est pas automatique. C’est une question de posture.

Que faire si vous avez dépassé les seuils de chiffre d’affaires?

C’est un cas à part. En micro-entreprise, les seuils sont très clairs :

188700 pour les activités de vente.

77700 pour les prestations de services.

Dépassez-les une seule année, et vous restez en micro. Dépassez-les deux années de suite, et vous basculez automatiquement au régime réel. Sauf que certains micro-entrepreneurs dépassent sans s’en rendre compte.

Dans ce cas, l’administration peut requalifier rétroactivement votre statut et vous réclamer la TVA sur l’ensemble du chiffre d’affaires, même si vous ne l’avez jamais collectée.

Il est donc essentiel de suivre vos encaissements mois par mois. Un bon outil de suivi vaut mieux que n’importe quelle argumentation.

Comment demander une remise gracieuse ou un échelonnement?

La procédure est simple, mais elle doit être soignée.

Vous devez adresser une demande écrite dans votre messagerie sécurisée, ou remplir le formulaire disponible sur impots.gouv.fr, rubrique "remises gracieuses". Joignez :

Une explication claire de l’erreur.

Les justificatifs de bonne foi.

Un échéancier de paiement si besoin.

Les services apprécient la transparence. Plus vous êtes factuel, plus vous avez de chances d’obtenir un geste.

Les 5 erreurs les plus fréquentes et comment les éviter

  • Déclarer HT au lieu du chiffre d'affaires encaissé : Confusion classique, surtout chez les profils mixtes. Utilisez un tableur clair ou une solution de facturation automatisée.
  • Oublier une déclaration trimestrielle : Activez les alertes de l’URSSAF ou utilisez un agenda partagé avec rappel automatique.
  • Facturer la TVA sans être assujetti : Vérifiez vos seuils chaque trimestre et adaptez vos modèles de factures.
  • Dépassement non anticipé du plafond : Ne pas attendre décembre pour faire le point. Tenez un suivi au fil de l’eau.
  • Code activité erroné (APE) : Cela peut modifier vos cotisations. Vérifiez la cohérence de votre code avec votre activité réelle via l’INSEE.

Faut-il prévenir son assureur ou son banquier en cas de régularisation?

Oui, si la régularisation modifie vos revenus ou le statut affiché de votre entreprise.

Un contrat RC Pro, un crédit professionnel ou une assurance perte d’exploitation sont liés à la réalité déclarée. Si les chiffres évoluent fortement, ou si le régime change (passage en TVA, régime réel, etc.), vous devez en informer vos interlocuteurs.

Cela permet d’éviter les mauvaises surprises en cas de sinistre ou de vérification bancaire.

Une erreur bien gérée n’entraîne jamais de conséquences graves

Les micro-entreprises bénéficient d’un cadre souple, tant que la transparence est au rendez-vous.

Ce que l’administration attend, ce n’est pas la perfection comptable. C’est un comportement cohérent, réactif et transparent.

Une erreur signalée spontanément, avec un dossier clair, est quasiment toujours traitée sans sanction. À l’inverse, une erreur ignorée peut se transformer en redressement injustifié, voire en suspicion de fraude.

Souhaitez-vous maintenant un article détaillé sur le déroulement d’un contrôle fiscal ou URSSAF pour une micro-entreprise, avec les leviers à connaître pour éviter les erreurs stratégiques?