Double extorsion : nouvelle menace cyber des PME.

Double extorsion : la nouvelle menace cyber qui frappe les petites entreprises

Publié le 17/11/2025 11:00 | Mis à jour le 17/11/2025 11:46 | 6 min de lecture

Les attaques informatiques ne ciblent plus uniquement les grandes entreprises. Aujourd’hui, les PME, TPE et freelances sont en première ligne face aux cybercriminels. Parmi les menaces les plus redoutées figure la double extorsion, une technique qui combine chiffrement des données et menace de divulgation. Comment y faire face ? Quelle assurance cyber souscrire pour se protéger ? Ce guide pratique vous aide à comprendre les enjeux, les réflexes à adopter et les garanties à connaître.

Qu’est-ce qu’une attaque par double extorsion et pourquoi vise-t-elle les petites entreprises ?

Obtenez un résumé de l'article :

 

La double extorsion est une méthode de cyberattaque qui associe deux formes de chantage numérique : les pirates chiffrent les données pour en bloquer l’accès, puis menacent de publier ou vendre ces informations sensibles si une rançon n’est pas versée.
Cette stratégie accroît la pression sur la victime en jouant sur la confidentialité, la réputation et la conformité réglementaire (notamment le RGPD). Même avec des sauvegardes, la menace de divulgation publique peut provoquer des sanctions, une perte de confiance et des dommages financiers importants.

Les petites structures sont particulièrement vulnérables : leur dépendance à la continuité d’activité et leurs moyens limités en cybersécurité en font des cibles privilégiées. En 2025, les secteurs les plus exposés restent la santé, l’industrie, les services publics et les infrastructures critiques.

 

Quelles sont les premières mesures à prendre après une attaque par double extorsion ?

Dès la détection d’une attaque, il est essentiel d’agir rapidement et méthodiquement pour limiter les impacts. Les spécialistes recommandent de :

  • Isoler les systèmes infectés en les déconnectant d’Internet et du réseau interne.
  • Prévenir immédiatement les experts en cybersécurité pour évaluer la situation.
  • Analyser l’exfiltration des données pour mesurer la gravité de la violation.
  • Notifier les autorités compétentes, notamment la CNIL et le CERT national.
  • Mettre en place une communication de crise claire et transparente.
  • Évaluer la pertinence du paiement de la rançon, avec l’avis de conseillers juridiques.
  • Restaurer les systèmes à partir de sauvegardes fiables et isolées.
  • Renforcer la sécurité (mises à jour, segmentation réseau, formation du personnel).

Un assureur cyber peut accompagner ces démarches : il coordonne les experts, finance les frais d’investigation et aide à la reprise d’activité.

 

Comment informer ses clients et respecter le RGPD après une double extorsion ?

Lorsqu’une violation de données personnelles est confirmée, le RGPD impose une notification rapide :

  1. À la CNIL dans les 72 heures,
  2. Et aux personnes concernées, si leurs droits ou libertés sont menacés.
     

    Le message transmis doit être clair, concis et compréhensible. Il doit mentionner :

    La nature de la violation (ex. : double extorsion).

    Les catégories de données concernées.

    Les conséquences possibles pour les personnes impactées.

    Les mesures prises pour y remédier.

    Les coordonnées du DPO ou du contact référent.

L’entreprise peut aussi inclure des conseils de sécurité pour ses clients (changement de mots de passe, vigilance face au phishing).
Cette communication transparente est une opportunité de préserver la confiance et de démontrer la maîtrise de la crise.

 

Comment déclarer une violation à la CNIL en cas de double extorsion ?

La déclaration CNIL doit être complète et rigoureuse. Elle comprend :

  • La description de la violation et des données touchées
  • La date et la durée approximative de l’incident
  • Le nombre estimé de personnes concernées
  • Les conséquences potentielles sur leur vie privée
  • Les mesures correctives mises en œuvre
  • Les coordonnées du responsable du traitement et du DPO
  • Un registre détaillé des actions entreprises

Cette documentation permet à la CNIL d’évaluer la réactivité et la conformité de l’entreprise. Elle prouve également sa bonne foi en cas de contrôle.

 

Que couvre l’assurance cyber en cas de double extorsion ?

La garantie extorsion cybernétique, intégrée dans une assurance cyber globale, couvre les conséquences financières, techniques et juridiques d’une double extorsion.

Type de couvertureDescription
Rançon et négociationRemboursement de la rançon (sous conditions légales) et frais de négociation avec les cybercriminels.
Expertise techniqueAnalyse de la faille, restauration et récupération des données.
Pertes d’exploitationIndemnisation de l’interruption d’activité liée à l’attaque.
Accompagnement juridiqueAide au respect du RGPD, à la déclaration CNIL et à la gestion des litiges.
Communication de criseSoutien pour préserver la réputation auprès des clients et partenaires.
Assistance 24h/24Intervention d’experts pour une gestion immédiate du sinistre.

Cette garantie est précieuse pour les TPE, PME et indépendants, souvent moins préparés à faire face à une cyberattaque.

 

Quelles exclusions s’appliquent à la prise en charge des paiements de rançon ?

Les assureurs encadrent strictement la prise en charge des rançons, notamment lorsqu’elles sont versées à des entités étrangères.
Les exclusions courantes portent sur :

  • Les paiements vers des États non coopératifs fiscalement ou à fiscalité privilégiée.
  • Les comptes bancaires anonymes ou non réglementés.
  • Les transactions contraires aux législations anti-blanchiment ou antiterroristes.
  • L’absence de justificatifs légitimes sur le paiement effectué.

Ces restrictions assurent la conformité avec les réglementations internationales et évitent tout financement indirect d’activités illicites.

 

Quels critères permettent d’évaluer son exposition au risque de double extorsion ?

L’exposition dépend de la nature des données, de la résilience informatique et du niveau de préparation. Les critères principaux sont :

  • La sensibilité des données stockées.
  • La qualité des sauvegardes et leur isolation.
  • La sécurisation des accès distants (VPN, postes mobiles).
  • Le niveau de formation du personnel aux risques de phishing.
  • L’impact d’une interruption d’activité.
  • La présence d’un plan de réponse à incident.

Un audit de cybersécurité permet de mesurer ces éléments et d’adapter la couverture d’assurance.

 

Quels indicateurs suivre pour mesurer sa vulnérabilité ?

Les indicateurs techniques les plus utiles sont :

  • Score CVSS : mesure la gravité des vulnérabilités (0 à 10).
  • Score EPSS : estime la probabilité d’exploitation réelle.
  • Taux de vulnérabilité des systèmes : proportion d’actifs non corrigés.
  • Nombre de menaces détectées sur le réseau.
  • Temps moyen de rétablissement (MTTR) : durée nécessaire pour restaurer les services.

Ces mesures aident à prioriser les correctifs et à évaluer la résilience opérationnelle.

 

À quelle fréquence réaliser des scans de vulnérabilité ?

Pour la majorité des entreprises, un scan trimestriel est recommandé.
Dans les environnements à haut risque ou en évolution rapide (cloud, santé, finance), la fréquence idéale est mensuelle voire hebdomadaire.
Les outils modernes permettent une surveillance continue, avec alertes automatiques et rapports de suivi.
Une démarche régulière garantit une cybersécurité proactive et réduit les risques d’exploitation de failles connues.

Certains assureurs proposent des scans de vulnérabilité dans leur formule Cyber. 

 

FAQ – Assurance cyber et double extorsion

  • Quelle est la différence entre une garantie double extorsion et une garantie fuite de données ?
    La première couvre les conséquences directes d’une attaque par ransomware (rançon, restauration, pertes d’exploitation). La seconde cible la violation de données personnelles (notification, litiges, réputation). Les deux sont complémentaires.
  • Le paiement d’une rançon est-il remboursé ?
    Uniquement avec l’accord préalable de l’assureur et dans le respect des lois. Le paiement ne garantit pas la restitution des données ni la non-divulgation.
  • Pourquoi le RGPD est-il central dans la gestion d’une double extorsion ?
    Parce qu’une telle attaque implique une violation de données personnelles. Le RGPD impose une notification rapide, une documentation complète et une communication transparente.
  • Quelles entreprises sont les plus exposées ?
    Les structures de santé, industrielles, publiques et financières, mais aussi les petites entreprises connectées sans équipe informatique dédiée.