90 % des cyberattaques viennent de l’humain  votre RC Pro vous protège-t-elle vraiment

90 % des cyberattaques viennent de l’humain : votre RC Pro vous protège-t-elle vraiment ?

Publié le 24/07/2025 13:00 | Mis à jour le 11/09/2025 15:04 | 5 min de lecture

L’erreur humaine est la principale porte d’entrée des cyberattaques, et pourtant, elle reste largement sous-estimée par les dirigeants d’entreprise. Si les outils de cybersécurité sont bien implantés dans les TPE et PME françaises, les comportements à risque, eux, persistent. La responsabilité civile professionnelle (RC Pro), notamment dans sa version cyber, peut jouer un rôle majeur dans la gestion des conséquences, à condition d’en comprendre les limites et les conditions de validité. Elle devient ainsi un pilier complémentaire de la stratégie de cybersécurité, notamment face à l'évolution des menaces numériques toujours plus complexes et sophistiquées.

Une menace bien réelle : 90 % des attaques viennent de l'humain

Phishing, mots de passe faibles, clics imprudents, partage d’informations sensibles ou encore mauvaise configuration des accès : 90 % des cyberattaques réussies sont liées à une erreur humaine. Et pourtant, seule une minorité d’entreprises forment réellement leurs équipes à la cybersécurité. Ce déséquilibre flagrant met en évidence un manque de culture cyber au sein des entreprises, souvent aggravé par l’illusion de sécurité offerte par les outils techniques.

Si 79 % des TPE PME disposent d'une solution antivirus, selon le Baromètre France Num 2024, elles ne sont que 34 % à avoir mené des actions de sensibilisation ou de formation à la cybersécurité au sein de l'entreprise. Ce déséquilibre est exacerbé par des biais cognitifs, comme l'illusion de contrôle, qui amène les dirigeants à croire qu’ils ont une maîtrise totale grâce à la technologie. En réalité, les cybercriminels exploitent bien plus souvent une faiblesse humaine qu’une faille logicielle.

Les attaques utilisant des logiciels malveillants ou des ransomwares sont souvent la conséquence directe d’un comportement imprudent : clic sur un lien frauduleux, mot de passe réutilisé, clé USB non sécurisée, etc. Ces gestes apparemment anodins sont pourtant à l’origine de pertes financières colossales pour les entreprises.

Ce que couvre (ou pas) la RC Pro en cas d’erreur humaine

Certaines polices RC Pro cyber couvrent les conséquences des erreurs internes, à condition qu’elles soient non intentionnelles. Cela inclut généralement :

  • Les frais de remédiation après un incident (récupération des données, assistance informatique, gestion de crise)
  • Les coûts de notification aux clients ou à la CNIL
  • Les frais de communication pour protéger la réputation
  • Les frais de défense juridique en cas de réclamation
  • Les indemnisations versées aux tiers (clients, partenaires)

Les garanties peuvent s’étendre à des erreurs comme l’envoi accidentel d’informations sensibles, la suppression de données, une mauvaise configuration de sécurité ou la transmission involontaire d’un virus. Toutefois, ces garanties sont activables uniquement dans le respect de certaines conditions contractuelles strictes.

Des garanties spécifiques pour couvrir les fautes professionnelles

La garantie d’erreurs et omissions est la protection centrale contre les erreurs internes. Elle couvre les frais de défense, les indemnisations versées à des tiers, les frais de gestion de crise et les pertes financières associées. Cette garantie peut être complétée par :

  • La responsabilité civile cyber (atteinte aux données, indisponibilité de service)
  • La reconstitution des données après destruction ou corruption
  • Les pertes d’exploitation liées à l’incident
  • La divulgation accidentelle d’informations
  • Les frais de communication en cas de crise
  • Les dommages immatériels causés à un tiers

Ces garanties forment un bouclier financier et juridique en cas de défaillance, mais elles restent soumises à l'appréciation des assureurs quant au contexte de survenance de l'incident.

Les limites et exclusions à connaître

Tous les contrats n’offrent pas la même couverture. De nombreuses polices excluent les incidents causés par une négligence grave, une absence manifeste de procédure ou un défaut de formation. Parmi les exclusions fréquentes, on retrouve :

  • Les vulnérabilités connues non corrigées
  • Les fautes intentionnelles ou dolosives
  • Les actes frauduleux ou illégaux
  • Les attaques internes ou malveillance d’employés
  • Les incidents survenus avant la souscription
  • Les réclamations hors période de validité

Chaque contrat prévoit également un plafond de garantie par sinistre et par an, ainsi qu’une franchise à la charge de l’entreprise. Une lecture attentive des exclusions et conditions générales est indispensable. Il est essentiel de négocier avec soin les clauses du contrat pour éviter de mauvaises surprises au moment critique.

La prévention : une condition de la couverture

Pour espérer être indemnisé, l’entreprise doit pouvoir prouver qu’elle a mis en place des mesures préventives :

  • Une politique de sécurité clairement définie
  • Des procédures internes pour la gestion des accès
  • Une formation régulière des collaborateurs
  • Des audits de sécurité
  • Une gestion rigoureuse des mises à jour logicielles

Certains assureurs exigent ces preuves avant même d’accorder une couverture, ou pour déclencher l’indemnisation en cas de sinistre. La prévention n’est pas une option, c’est un impératif contractuel.

La RC Pro, un outil mais pas une solution unique

La RC Pro cyber ne remplace pas une politique de cybersécurité robuste. Elle est un filet de sécurité en cas d’incident, mais ne protège que dans les limites fixées par le contrat. La formation et la sensibilisation des équipes restent les moyens les plus efficaces pour prévenir les erreurs humaines. Replacer l’humain au cœur de la stratégie de cybersécurité est indispensable pour faire face à l’évolution rapide des menaces.

La majorité des cyberattaques proviennent d’erreurs humaines, et pourtant, ces erreurs sont encore souvent exclues des garanties des contrats de cyberassurance. Pour être couvert, il ne suffit pas de souscrire un contrat : il faut démontrer un engagement réel en matière de sécurité. Cela passe par la formation, la prévention et la mise en place de processus internes solides. La RC Pro peut limiter les conséquences financières et juridiques d’une erreur humaine, mais elle ne dispense jamais de sécuriser l’organisation à la source. Pour une cybersécurité efficace, la technologie doit aller de pair avec une culture de la vigilance partagée à tous les niveaux de l’entreprise.