Salariés ou indépendants : qui gagne réellement mieux sa vie en 2025 ?
En 2025, le salaire médian net d’un salarié s’élève à 2 034 € par mois, contre 2 404 € pour un indépendant classique (hors auto-entrepreneurs). Ce léger avantage semble, au premier abord, en faveur des indépendants.
Mais cette moyenne masque une dispersion extrême : les revenus des indépendants varient du simple au décuple selon les secteurs.
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L’extrême dispersion chez les indépendants
Parmi les professions libérales médicales, les revenus explosent. Un médecin ou un dentiste gagne en médiane 7 650 € par mois, un pharmacien 6 000 €, un juriste ou un expert-comptable 5 210 €.
À l’inverse, les professions les plus précaires sont aussi chez les indépendants. Un chauffeur VTC, après charges, atteint en moyenne 1 390 € net par mois. Dans certaines métropoles, ce revenu peut grimper à 3 500 €, voire 5 000 € pour les mieux organisés, mais cela reste l’exception.
L’auto-entrepreneuriat : popularité mais faible rentabilité
En 2024, 1,11 million de créations de micro-entreprises ont été enregistrées. Pourtant, le revenu moyen d’un auto-entrepreneur plafonne à 670 € mensuels, et la moitié d’entre eux perçoivent moins de 340 €.
Un quart d’entre eux descend même sous 90 € par mois. En cause ? 31 % cumulent cette activité avec un emploi salarié. Leur revenu global s’établit à 2 430 €, mais seulement 370 € proviennent de leur micro-entreprise.
La protection sociale, ligne de faille structurelle
Les salariés bénéficient d’un système complet : assurance maladie, retraite complémentaire, congés payés, chômage, mutuelle collective. En cas d’arrêt maladie, les indemnités journalières sont immédiates.
Chez les indépendants, l’affiliation au régime général ne gomme pas les désavantages :
- Pas de droit au chômage (hors SASU).
- Mutuelle et prévoyance à souscrire à titre personnel.
- Retraite complémentaire bien moins avantageuse que celle d’un cadre salarié.
- Délai d’un an avant de toucher des indemnités journalières.
Ces écarts ont des effets directs sur le revenu réellement disponible en cas d’aléa ou d’interruption d’activité.
Coût du travail et rendement net
Prenons un salarié au SMIC : l’employeur dépense 1 881 € par mois (1 802 € de brut + 79 € de charges patronales). Pour des salaires plus élevés, les charges patronales montent à 25 à 35 % du brut.
Les indépendants, eux, bénéficient d’un abattement forfaitaire de 26 % sur l’assiette des cotisations depuis 2025. Cette mesure réduit leur CSG/CRDS mais augmente la cotisation retraite. En moyenne :
- 12,3 % de cotisations pour les activités de vente.
- Jusqu’à 24,6 % pour les prestations libérales.
Cette structure permet à un indépendant de générer un revenu net supérieur de 6 % à 39 % pour une même mission… à condition de facturer en continu, sans interruption, sans impayé, et sans congé.
Les profils qui tiennent le haut du pavé
Les cadres salariés occupent une position enviable :
- 3 375 € nets en médiane.
- 71 000 € en moyenne pour les cadres supérieurs.
- Jusqu’à 107 000 € pour les cadres dirigeants.
Côté indépendants, les développeurs freelances dépassent les 7 000 € nets par mois, en facturant entre 450 € et 650 € par jour. Mieux encore, les consultants IA ou cybersécurité peuvent décrocher des missions entre 2 500 € et 10 000 €.
Dans les transports, la réalité est tout autre. Malgré quelques chauffeurs VTC à 4 000 € ou 5 000 € net mensuel à Paris, la majorité oscille entre 2 000 € et 3 500 €. Entre l’achat du véhicule, les assurances, le carburant et les 25 % de commission prélevés par Uber, la rentabilité est constamment sous pression.
Sécurité financière ou liberté organisationnelle ?
Le CDI offre une stabilité recherchée :
- Revenu régulier.
- Filet de sécurité en cas de licenciement.
- Accès simplifié au crédit bancaire.
- Congés payés, formations, perspectives d’évolution.
L’indépendant gère sa propre trajectoire :
- Choix des clients.
- Contrôle des horaires.
- Tarification libre.
Mais cela suppose une gestion rigoureuse de la trésorerie, du temps, de la facturation, des relances, de la prospection, et surtout, une capacité à traverser les périodes creuses sans rémunération.
Le verdict n’est pas dans la moyenne
Un indépendant hautement qualifié dans un secteur porteur peut dépasser de très loin les revenus des salariés. Mais un auto-entrepreneur ou un chauffeur VTC seul peut gagner deux à trois fois moins qu’un SMIC brut.
Pour un salarié, la protection sociale et la sécurité de revenu peuvent compenser un écart brut, rendant le revenu net réellement disponible supérieur à celui d’un indépendant aux revenus instables.
La réforme de 2025 a amélioré la couverture maladie et la retraite des indépendants, mais l’architecture globale reste déséquilibrée. Les salariés conservent un avantage structurel en termes de droits sociaux et de prévoyance.
Dans un monde professionnel segmenté, la réponse n’est donc ni binaire ni uniforme : elle dépend du secteur, du niveau de spécialisation, du lieu d’exercice et de la capacité à capter la valeur.