Auto-entrepreneurs  ces revenus que vous oubliez (mais que l’Urssaf ne rate pas)

Auto-entrepreneurs : ces revenus que vous oubliez (mais que l’Urssaf ne rate pas)

Publié le 25/07/2025 14:56 | Mis à jour le 11/09/2025 15:03 | 4 min de lecture

Le régime de l’auto-entrepreneur repose sur un principe simple, mais souvent mal compris : vous cotisez sur ce que vous encaissez. Ce que vous appelez "revenu" n’est pas un revenu net, ni même un revenu professionnel. C’est votre chiffre d’affaires encaissé, hors taxe, brut, sans retrait d’aucune dépense, même pas d’un centime.

Une erreur fréquente consiste à croire que certains revenus échappent à la déclaration. Mauvaise interprétation. Tout ce qui entre sur votre compte professionnel, ou personnel si vous n’avez pas encore séparé les deux, est susceptible d’être intégré au chiffre d’affaires.

Les pourboires ne sont pas des extras

Il ne s’agit pas seulement d’un petit bonus laissé par un client satisfait. Un pourboire, même en espèces, même spontané, même non prévu sur la facture, est un revenu professionnel.

Par conséquent :

  • Il doit être intégré au chiffre d’affaires déclaré à l’Urssaf
  • Il est soumis à cotisations sociales
  • Il entre dans le seuil de franchise en base de TVA

Ne pas les déclarer peut entraîner un redressement en cas de contrôle, avec rappel de cotisations et application de pénalités.

Les plateformes de pourboire en ligne sont traçables

Utiliser un système comme Lydia, Tippee ou Stripe pour recevoir des pourboires numériques ne vous exonère de rien. Ces flux sont visibles. Ils laissent une trace. Et surtout, l’administration considère qu’un paiement reçu dans un cadre professionnel doit être déclaré comme tel.

Financement participatif : le piège fiscal

Certains créateurs pensent que les fonds levés sur Ulule, KissKissBankBank ou autres plateformes ne sont pas des revenus. Il faut oublier cette idée immédiatement.

Le financement participatif, qu’il s’agisse de dons avec ou sans contrepartie, est intégré dans la base imposable. Cela s’explique par la position de l’administration fiscale :

Un don perçu dans le cadre de votre activité est un produit imposable, et donc soumis à cotisations sociales.

Autrement dit, si vous êtes en BIC, c’est un produit d’exploitation. Si vous êtes en BNC, c’est une recette professionnelle.

À quoi devez-vous faire attention ?

Tout ce que vous encaissez est suspect aux yeux de l’administration, tant que vous ne prouvez pas le contraire. Cela comprend :

  • Les dons perçus dans un cadre professionnel
  • Les remboursements clients, s’ils ne sont pas accompagnés d’un avoir
  • Les versements entre conjoints sur le compte professionnel

Si vous déclarez moins que ce que vous avez encaissé, la différence devra être justifiée. Dans le cas contraire, elle sera réintégrée au chiffre d’affaires, avec toutes les conséquences qui s’ensuivent.

Les erreurs coûtent cher

Déclarer un chiffre d’affaires trop bas, volontairement ou par ignorance, expose à :

  • Un redressement Urssaf (cotisations rétroactives + pénalités de retard)
  • Une majoration de 10 % à 80 % en cas de mauvaise foi ou de manquement délibéré
  • Une sortie du régime en cas de dépassement des seuils cachés

Le régime micro-social simplifié offre des avantages, mais il repose sur une transparence totale. Il ne tolère pas d’approximation, encore moins de dissimulation.

Conseil opérationnel

Chaque mois ou trimestre, réconciliez vos flux bancaires avec vos factures. N’attendez pas l’échéance de déclaration pour découvrir que vous avez encaissé un pourboire, un virement participatif ou une avance client.

Tout ce qui entre dans vos comptes doit être identifié, catégorisé et, le cas échéant, déclaré.

Un tableur simple peut suffire. Une solution comptable automatisée est préférable. Dans tous les cas, il faut être rigoureux, car vous serez jugé non pas sur ce que vous avez facturé, mais sur ce que vous avez réellement encaissé.